Si vous tombez là-bas, vous êtes un fantôme inexistant. Personne, absolument personne ira vous récupérer. En cas de capture...
American Assassin est une oeuvre étonnamment mal aimée sortie en 2017 réalisé par Michael Cuesta (Secret d'état, Homeland) qui s'est basé sur les romans de Vince Flynn pour réaliser son film. Un thriller fortement accès en action et espionnage pourvu d'une intrigue conçut principalement de clichés, rendant néanmoins un résultat très agréable. En résulte une oeuvre pouvant se targuer d'être positive malgré l'utilisation de clichés surutilisés fatiguer avec le temps, qui ici réussissent à retrouver une certaine efficacité. Ainsi on retrouve un condensé de thèmes connus : vengeance, terrorismes, menace nucléaire, entraînement pour devenir un agent, trahison du gouvernement et tout le cantonnement s'articulant autour. Et si le film n'est pas exactement original, il parvient à être frais grâce notamment à une bonne réalisation livrant des plans efficaces.
La première scène du film à Ibiza en Espagne est très impressionnante, sous une tension extrême qui directe nous met dans le bain. L'attentat présenté dans cette scène d'ouverture dans un plan-séquence très dynamique superbement réalisé pose remarquablement les bases du récit, ainsi que du personnage principal. Les phases d'entrainement ne sont pas trop longues et permettent de mieux saisir la personnalité de chacun. Le final lui aussi tient toutes ces promesses, ne faisant pas l'erreur de ruiner tout le film.
L'action est réaliste, sanglante et visuellement dure. Les échanges de coups de feu sont efficaces, les attaques physiques distrayantes, avec plusieurs styles de combat comme le jiu-jitsu, la boxe, le kickboxing... Les comédiens sont bons portant avec crédibilité la tenue d'agent, et les personnages sont suffisamment développés pour qu'on s'en inquiète. Quelques rebondissements de qualité prenant par surprise; une atmosphère tendue qui ne retombe jamais; une mise en scène hyper réaliste avec des cadrages intelligents; une composition musicale de Steven Price qui détonne; tout ceci rend le visionnage plus rafraîchissant que la plupart de ses semblables.
Là où le long-métrage pêche c'est dans la structure de son récit qui présente une histoire pourvue d'une narration paresseuse, où les explications des différents événements sont simplistes et inutilement longs, enfonçant le rythme dans sa seconde moitié.
Je suis fortement surpris par la transformation du comédien Dylan O'brien (Le Labyrinthe, Teen Wolf) alias Mitch Rapp qui livre une forte performance à travers un homme instable obsédé par la vengeance, qui deviendra un agent au regard noir pour se livrer à une série de meurtres pour étancher sa soif de vengeance. Je ne suis pas un fan du comédien, mais là fort est de constater qu'il porte avec crédibilité le rôle principal. Il réussit à perdre son visage de beau gosse premier de la classe, pour un plus ébranlé et fatigué. Le traitement sérieux du personnage amène une tension intense et sanglante. Dans les phases de combat il est crédible et ne joue pas que de la chorégraphie, on le sent investi.
Michael Keaton (Birdman, Batman) n'a rien perdu de son panache et prouve qu'il a bel et bien repris du poil de la bête dans un rôle déstabilisant et charismatique taillé pour lui. Sous les traits de Stan Hurley, il incarne un vétéran impitoyable et pragmatique dans la lutte contre le terrorisme et dans la formation d'espion d'élite. Sa prestation n'est clairement pas dans la nuance, il hurle, jure, tabasse, certains pourraient dire qu'il en fait des tonnes, mais personnellement, j'ai apprécié son incarnation badass. La scène où il se fait torturer est particulièrement mémorable, ainsi que les phases d'entraînement particulièrement violentes. Il faut le dire, ce personnage possède une sacrée paire de cojones.
Mention à la comédienne Shiva Negar (Becoming Burlesque, We) pour Annika une agent faisant partie de l'unité d'élite que j'ai trouvé intriguante et Scott Adkins (Ninja, Expendables 2) dans le rôle de Victor l'agent connard et arrogant de l'équipe.
Si Stan Hurley (Keaton) et son équipe sillonne le globe à travers des décors dans l'ensemble discret mais réussit, c'est pour stopper un complot terroriste entre la Russie et l'Iran dans l'élaboration d'une arme nucléaire. C'est ainsi que durant la mission, l'unité découvre que le meneur des opérations n'est autre qu'un ancien membre de l'équipe d'élite (le meilleur de tous) supposé mort et formé autrefois par Hurley, connu sous le nom de code : "Ghost".
Un antagoniste principal incarné par un comédien que j'apprécie : "Taylor Kitsch" (Du sang et des larmes, True Detective saison 2). J'ai un souci avec ce personnage que je trouve plaisant dans sa dramaturgie torturée, qui malgré le fort potentiel n'est pas assez exploitée. La dualité qui l'unit à son ancien mentor est attrayante. Malgré un but ultime ultra cliché : " se venger de Stan Hurley et par là même des États-Unis qui l'ont bien entendu trahi ", ça fonctionne bien.
J'aurais préféré voir une confrontation finale entre Ghost et Hurley, mais bon faut bien que le héros serve à quelque chose. Pour ajouter de la tension entre les deux hommes vu que pas grand-chose accorde Ghost au personnage principal Mitch Rapp, on fait dire à Taylor Kitsch une vilaine phrase pas gentille du tout sur la femme morte du héros pour qu'il soit suffisamment en colère et motivé contre lui pour le dérouiller. Heureusement la finale dans le bateau présente une confrontation rudement explosive.
CONCLUSION :
American Assassin est un thriller musclé oscillant entre du Jason Bourne et du Jack Bauer dans une conduite réaliste. Une oeuvre dramatiquement impactant de par ses images, son réalisme et surtout ces personnages. Je ne vois pas trop ce qu'on peut reprocher à ce film qui bien que possédant des défauts amène un peu de fraicheur dans le genre avec des comédiens visiblement concernés.
Je n'aurai pas dit non à une suite, mais je crois que je peux m'assoir dessus.