Que reste-t-il d'American Beauty, vingt-cinq ans après ? Ce film aux cinq Oscars, vu d'aujourd'hui, est-il toujours aussi puissant et dérangeant ? Malgré ce que l'on sait depuis lors de Kevin Spacey embourbé dans des affaires de mœurs, et alors que Sam Mendes a réalisé depuis des James Bond (qui l'aurait attendu dans Skyfall ?), retrouve-t-on le frisson ressenti à l'époque ?

Le pitch : Lester Burnham, précipité chimiquement pur du quadra américain voit sa libido-réactif se fixer en un instant sur une adolescente, pom-pom girl et amie de sa fille.

Dans ses fantasmes, elle gît, nue, sur un lit de pétales de roses.

Dans la réalité, c'est une petite allumeuse, mais cette rencontre déclenche chez lui une métamorphose qui, sans doute, couvait. Entre sa fille adolescente blasée, et sa femme avide de reconnaissance et de fric, il se retrouve soudain sans boulot, autre que d'essayer de plaire à cette Angela. Ses pulsions refoulées refont surface, d'une façon assez poilante (il n'y a pas mèche de masculinisme dans ce film).

Arrivent de nouveaux voisins, un père colonel de Marines, son fils vendeur de drogue, qui filme continuellement tout ce qui lui plaît — en particulier la fille de Lester, Jane, dont il tombe amoureux —, planent des rumeurs d'homosexualité, flotte un parfum d'adultère...

S'annonce surtout la mort prochaine du protagoniste : la dernière partie du film laisse planer le suspense sur le qui, comment, quand... mais nul doute qu'une mort brutale l'attend.

On peut voir dans la trajectoire de Lester l'allégorie d'une transcendance, l'apothéose d’un retour à la vie, sur fond de muscu et de de pétard ; ou au contraire, la lente agonie du mythe de la famille américaine de suburbia.

Cela tient des deux, comme dans tout chef-d’œuvre.

Mathieu-Erre
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le 29 août 2023

Modifiée

le 31 oct. 2024

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Mathieu Erre

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