En odeur de sainteté à Hollywood depuis la très bonne réception de "Fighter" et "Happyness Therapy", le cinéaste David O'Russell s'attaque cette fois à l'affaire Abscam, après un projet avorté dans les années 80 suite à la mort de John Belushi et reprenant le poste déserté par Ben Affleck.
Farce absurde et volontairement kitsch sur les apparences et la manipulation, "American Hustle" est l'antithèse parfaite du désastreux "Insaisissables", balançant aux orties tout effet tape à l'oeil et deus ex machina pour se concentrer avant toute chose sur ses personnages et ses dialogues, brillamment écrits et mis en images avec rythme et talent.
Se torchant avec les faits et pervertissant le concept du "film adapté de faits réels", le cinéaste épouse totalement son sujet, fusionne parfaitement le fond avec la forme, les manipulations se fondant parfaitement dans l'ambiance très clinquante de la fin des 70's, tout en mettant à jour l'absurdité d'un gouvernement laissant libres les véritables criminels pour mettre la main sur les mieux intentionnés de l'histoire.
Bien qu'exigeant et d'une durée conséquente, "American Hustle" parvient, derrière son humour pince sans rire, à retranscrire la souffrance de personnages hauts en couleur, bien plus complexes qu'ils n'y paraissent, chacun étant le pantin de l'autre alors qu'il pense le contraire depuis le début.
En excellent directeur d'acteur, David O'Russell donne une nouvelle occasion de briller à ses comédiens, tous excellents derrière leur maquillage volontairement outrancier (les apparences, toujours les apparences), dont on retiendra surtout la justesse d'Amy Adams, le timing comique jusque là scandaleusement sous-exploité de Bradley Cooper (impayable avec ses bigoudis) et la courte mais marquante participation d'une Jennifer Lawrence en contre-emploi, parvenant magistralement à transformer un second rôle ingrat en pocharde magnifique.