Le bluff à toutes les sauces
Comme d'habitude David O. Russell a tout misé sur son casting, un casting parmi les plus bankable du moment, tous à la recherche de l'oscar et qui savent parfaitement que travestissements et déguisements de toutes sortes plaisent énormément aux américains. Une moumoute et une paire de lunettes moche et : « Ho regarde chérie on le reconnaît à peine c'est dingue, il a du en passer du temps à devenir comme ça ». Dans la catégorie Bale ressort grand vainqueur, toujours à l'extrême limite de la parodie, allant même jusqu'à s'autoriser quelques sorties de route par moment, on ne sait jamais réellement s'il fait exprès d'être dans l'excès ou s'il y croit, en tout cas ça ne fonctionne pas. Adams et Lawrence proposant des compositions un tant soit peu plus honnêtes pendant que Cooper essaie d’insuffler de la vie à son personnage comme un futur noyé se débat dans des eaux agitées. Bien entendu le tout est accueilli pas de nombreuses nomination aux oscars.
Plus de deux heures pour ça, le problème vient de là. Un plan apparemment incroyable qui finalement apparaît bancale, sans grande préparation, tout est arrangé au dernier moment et on continue de jouer le jeu sans savoir si on pourra toujours le faire demain. L’histoire n'avance pas plus que les idées de son réalisateur pour nous la mettre en scène, se contentant de jouer la sécurité quitte à proposer un tout mécanique.
À travers son Amérique des années 70, ses personnages au caractère bien trempé et ses accents d'humour acerbe plutôt bien sentis, Russel ne parvient jamais à nous faire adhérer à son histoire de gagne-petits qui veulent jouer dans la cours des grands, comme a pu le faire Scorsese à travers « Casino » malgré la même utilisation de narrateurs. Idée qui si elle fonctionne dans le Scorsese, connaît plus de difficulté dans celui ci tant les passages l'utilisant manque de pertinence.
Finalement un film sans grandes ambitions qui se contente de faire ce qui fonctionne sans jamais réaliser que ce qui est le plus kitsch n'est pas l'univers qu'il établit mais bien la façon dont il est traité.