An American Crime relate avec une précision factuelle le cauchemar de la jeune Sylvia Likens, laissée avec sa soeur dans la famille de Gertrude Baniszewski, une mère célibataire qui orchestrera la descente aux enfers de la jeune fille. Laissée à la garde de cette dame par ses parents, "pour rendre service", un enchaînement de situations amènera à une fin dramatique par un déferlement d'humiliations physiques et psychologiques. Dérangeant visuellement, le film réussit à mettre en avant la montée sinueuse et pernicieuse de l'inconcevable, chaque "punition" en appelant une autre. Sans autre volonté que de rendre compte, le réalisateur réussit aussi à montrer le pouvoir de suggestion d'un adulte sur des enfants et la force malfaisante de l'effet de groupe. Les mots "je ne sais pas" prononcé par la plupart des témoins et accusés en réponse à la question "pourquoi avez-vous fait ou laisser faire" suffisent à appuyer ce principe que l'enfant reproduit et prend pour vérité ce qui l'entoure au quotidien. Ellen Page qui perçait la même année avec Juno est idéale en tant que Sylvia avec son visage doux et sa petite carrure. Face à elle Catherine Keener réussit à se fondre dans cette femme bercée par la folie et il est marrant de voir certains visages aujourd'hui bien connu tels que James Franco qui n'avait à l'époque que le visage d'Harry Osborn dans Spiderman.
Au final, un film qui sonne juste par sa neutralité et son aspect documenté, intéressant puisque tiré de faits réels mais loin d'être essentiel, et qui a quand même le mérite de montrer avec justesse l'installation de l'horreur.