𝐴𝑚𝑒𝑟𝑖𝑐𝑎𝑛 𝐹𝑖𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛, le premier long métrage de Cord Jefferson, adapté du roman 𝐸𝑟𝑎𝑠𝑢𝑟𝑒 de Percival Everett, se penche sur la manière dont les récits noirs sont façonnés et commercialisés pour correspondre aux attentes du marché. Le film aurait pu être une satire mordante, dénonçant de manière acérée les stéréotypes et la réduction des œuvres noires à des histoires de misère pour plaire à un public blanc. Pourtant, malgré ce sujet prometteur, 𝐴𝑚𝑒𝑟𝑖𝑐𝑎𝑛 𝐹𝑖𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 se retient beaucoup trop. Là où il aurait pu foncer tête baissée dans la critique cinglante, il préfère rester dans des sentiers plus conventionnels. Le film pointe du doigt les problématiques sans vraiment vouloir taper sur qui que ce soit. Il dénonce sans jamais choquer, se contentant de rester en surface de son sujet. C’est dommage, car le potentiel pour une satire véritablement corrosive était là.
Cela dit, le film n’en reste pas moins agréable à suivre. Jeffrey Wright, dans le rôle de Thelonious 'Monk' Ellison, livre une performance solide, tout comme le reste du casting. Les relations familiales de Monk, notamment avec son frère Clifford, apportent une dimension intéressante au récit, même si l’on a parfois l’impression de regarder deux films distincts qui ne se répondent pas vraiment l’un à l’autre. Le ton doux-amer de la dernière partie est une belle touche, mais elle aurait eu plus d’impact si le film avait osé aller plus loin dans sa satire. En fin de compte, 𝐴𝑚𝑒𝑟𝑖𝑐𝑎𝑛 𝐹𝑖𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 est un bon film, sympathique à regarder, mais il manque la profondeur et l’audace nécessaire pour vraiment marquer les esprits.