Suite du premier opus qui se donnait les apparences d’un "home invasion" haletant et asphyxiant, ce deuxième film prend le parti d’élargir son aire de jeux morbides pour convenir aux grands espaces urbains, aux autoroutes sans fins, aux ruelles sombres d’un monde extérieur, hostile et sans loi.
On quitte la riche famille des Sandin, pur produit de "l’American Dream", pour rejoindre un groupe de personnages dont l’Amérique a volé à chacun quelque chose : une voiture, un parent, un fils… certains sont pris dans la Purge sans le vouloir, un autre y est par choix, d’autres encore s’y opposent, mais tous devront s’unir pour vaincre les divers obstacles qui se présenteront au cours de cette nuit endiablée.
Plus intéressant que le premier volet, ce film le dépasse aussi par la beauté formelle. Anarchy bénéficie d’une photographie très soignée qui pourrait rappeler le travail de Dion Beebe sur le film Collatéral de Michal Mann : la nuit est vivante, tumultueuse, ses couleurs d’enseignes, de lampadaires parsèment l’arrière-plan urbain dans un cadre toujours en mouvement. Une lueur verte sur le mur, un panneau stop au coin de la rue, au centre un masque blanc qui nous regarde intensément, Los Angeles prend une nouvelle identité où la nuit froide du début de printemps laisse place aux incendies et autres silhouettes patibulaires. Mais une bonne photographie suffit-elle ?
En plus d’agrandir son espace, le film accroît généreusement son nombre de personnages et d’intrigues. Nous avons donc le groupe de héros, aux personnalités bigarrées et divergentes, un commando qui veille au bon fonctionnement de la Purge, un groupe neutre qui enlève des habitants en échange de quelques sous, une cellule de résistants, un rassemblement de riches composé des « Pères Fondateurs », un groupe d’habitants lambdas, des SDF sans compter les divers participants à ce jeu macabre, allant du punk à chien au voisin libidineux, bref, il y en a pour tous les goûts !... Le problème paraît évident : il y a TROP de personnages, mais le film n’en devient pas pour autant indigeste. En effet, plus d’action que d’horreur, ce nouveau film a un rythme effréné qui nous permet de présenter chaque groupe et d’enchaîner les intrigues avec suffisamment de finesse pour ne pas nous perdre. Le vrai problème serait plutôt leur manque de développement.
En somme, cette pérégrination d’1h45, bien que très divertissante, pourrait se réduire en un simple « panorama » de ce qu’est la Purge en général, présentant les différents antagonistes, sans pour autant les exploiter, au risque de les rendre assez caricaturaux. Une proposition serait d’allonger la durée du film afin de mieux exploiter son concept. Mais il ne faudrait pas tomber dans le piège de la suite de films insipides, d’autant plus que l’ambiance « nanard » commence à s’emparer de la saga. C’est pourquoi un jeu vidéo me paraît être la forme adéquate : un jeu d’action, narratif, qui se finirait en douze heures (vivre en temps réel toute la Purge) où s’enchaînent au fil des quartiers et des escarmouches des personnages désireux de vengeance, de rédemption, comme un reflet de l’Amérique moderne. Ça ne pourrait être que prometteur !