Paisible anarchie chez l'oncle Sam
Nous sommes en 2022, les Etats Unis vivent des jours paisibles grâce à leurs nouveaux pères fondateurs. Un gouvernement qui a eu la brillante idée de rendre légal pour 12h et une fois par an toute activité criminelle. Les bienfaits de cette « Purge » sont la baisse du chômage et du taux de criminalité. Ainsi chacun soulage son âme à sa manière.
Affublé d'un « 2 » à la suite du titre, ce second volet d'American Nightmare n'est pas du tout une suite directe puisqu'il reprend du 1er film juste le concept de la purge annuelle. D'ailleurs aucune nouvelle de la famille Sandin dont le père (joué par Ethan Hawke) vendeur de système de sécurité avait rencontré quelques soucis pendant la purge. C'est un peu triste d'ailleurs.
Si il n'est pas utile de voir le premier film pour se délecter du second, il aurait été plaisant (pour ma part) de voir comment se passe la vie une fois la purge terminée soit la remise en route des villes, le nettoyage etc …
Bref, A.N 2 propose l'inverse de son prédécesseur. Là où nous avions droit à un huis clos bien ficelé malgré quelques maladresses, nous allons dans la rue pour ne pas suivre une famille mais trois histoires au destin commun mais au passif bien différent. Tout d'abord, nous avons Shane et Liz un couple en phase de rupture qui voit leur voiture saboté et tomber en panne en plein centre ville à quelques minutes du début de la Purge. Il y a ensuite Eva une mère célibataire qui a du mal à joindre les deux bouts et devant gérer son père malade et sa fille Cali adolescente rebelle. Pour finir, nous avons Leo flic meurtri pas très agréable et qui a la dégaine du Punisher (Max Payne c'est toi?)
Tandis que Leo prend la route en pleine Purge pour aller assouvir une vengeance, il va se retrouver face à l'enlèvement de Eva et Cali par une sorte de milice. En portant secours aux deux femmes, il va tomber sur Shane et Liz poursuivis par un gang menaçant et angoissant.
Allons directement à l'essentiel : La Purge 2 (ouai parce que traduire un titre ricain par un autre titre ricain ça va bien deux minutes) est une petite réussite et une grande surprise. Surprise car après avoir vu le premier, je me demandais comment faire une suite et la réussir sans user le concept qui à la base est original (coucou Saw 2, Hostel 2). D'abord avec une réalisation plutôt intéressante. Une chasse à l'homme urbaine avec des rues vidées de leurs âmes les plus sensibles. Nos protagonistes vont se rendre d'un point A à un point B avec un Leo surarmé et les autres suivants comme des moutons la peur au ventre. A chaque coin de rue, un cadavre, un tueur en recherche d'une nouvelle victime etc. Le suspense est là, les plans sont soignés, l'angoisse est palpable et même si par moment on se doute de ce qui va arriver, on reste accroché.
Le film est donc plutôt bien réalisé, il n'y a aucun doute. Par contre on peut trouver à redire sur le casting un brin cliché (Cali est insupportable) et le charisme de chacun un poil creux. Difficile de s'attacher à eux, difficile de trouver de l'empathie à part pour le fait que chacun risque d'y passer mais c'est un peu prévu dans l'idée de départ qu'il y aura des morts.
Multiplier les bonnes idées est une chose mais les développer toute en même temps en est une autre et ce n'est pas une tâche aisée. James DeMonaco le réal et le scénariste a tenté d'expliquer ce qu'il se passe aux Etats Unis pendant La Purge. Les médias louent l’événement, les politiques encouragent les citoyens, les pauvres dérouillent, les riches s'éclatent et au milieu on réfléchit. On découvre même l'existence d'un groupe de résistant souhaitant voir disparaître La Purge et faire se soulever la classe populaire.
L'introduction des personnages est presque parfaite, chacun est menacé pour diverses raison. Les chasseurs sont sous pression du compte à rebours et le spectateur que je suis saisi tout de suite les enjeux. La tension est là. Omniprésente. A vrai dire pour que ce film soit une grande réussite, il aurait fallu rajouter le gore du premier épisode quitte à justifier un -16 au lieu d'un fade -12.
On aurait aussi apprécié une vraie évocation des thèmes important de la société d'aujourd'hui à savoir la lutte des classes (les pauvres incapables de se protéger), les enjeux sociaux-politiques, les conséquences économiques. Mais au fur et à mesure de l'écriture de cette critique je me rends compte que le vrai soucis de ce film est son côté manichéen. L'idée de Purge annuelle est dégueulasse vis à vis des pauvres et des marginaux mais quand nos héros tuent pour se sauver ne participe t-il pas aussi à la purge (de manière inconsciente) car le citoyen au quotidien survit. Je pense que de ce côté là, il y avait quelque chose à faire. Un ton plus neutre peut être.
Mais était ce ici l'ambition du réalisateur ? Car Ce deuxième épisode n'est en aucun cas un film d'horreur mais plus une sorte de thriller-action. Le brûlot politique et la satire anti américain ne sont pas loin. Il n'y a qu'à voir le générique de fin pour le comprendre On saluera le gunfight en vision nocturne qui a déjà fait ses preuves par le passé et qui ici est plutôt fun. On regrettera la non utilisation des snipers plusieurs fois évoqués dans le film mais jamais utilisés et ce final un peu expéditif et un peu trop moralisateur comparé au manque de contenu pour le reste du film.
Avec son lot de défauts American Nightmare 2 reste un film intéressant plein de bonnes idées. Les couteaux doivent juste être un peu plus aiguisés.
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