Alors que le premier volet surfait sur deux genres à la fois, l'horreur et le thriller, la suite de American Nightmare se concentre sur l'action et le suspense menées à grandes enjambées, au détriment des personnages et de l'originalité de son récit, enterrée sous une multitude de tirs et de pirouettes propres au thriller. American Nightmare 2 : Anarchy est une suite bâclée, trop orientée et pas assez loufoque pour tendre vers un vrai bon film à tension ; il s'empiffre de scènes faciles et redondantes, une déception en somme.
Il y a deux gros défauts dans ce film. Le premier étant le message global du film (à travers son idée géniale de départ), qui, si il était atypique dans le premier, est ici complètement écrasé et réduit à l'état de larve par l'action. La situation avance toujours très rapidement, la caméra ne se pose jamais très longtemps, tous les codes du genre sont accaparés d'une telle manière qu'il est impossible de soutirer du film une quelconque idéologie ou un ressenti quelconque autre qu'un rythme haletant qui comble à peine le spectateur. Quid de l'anarchie totale du premier film et de son côté "tout le monde fait sa loi" ? Ici, l'intrigue ne sert que des groupuscules et des sociétés obscures et opposent sans cesse la pauvreté et la richesse à travers des acheteurs sans scrupules ou les justiciers contre les méchants barbares. Il y a bien cette fameuse scène où une femme tire sur un petit ami trop encombrant, mais quelle tempête dans un verre d'eau ! (et là encore, ce n'est qu'un rebondissement de plus dans l'intrigue) L'intérêt d'un pays où tous les crimes sont permis et son énorme champ des possibles s'efface vite au profit de la trame principale, qui n'est rien d'autre que le reflet d'un film à suspense classique. Là où un God Bless America prend le parti d'ironiser pour faire passer une idée, American Nightmare 2 s'en sert comme prétexte à. Il tombe dans la facilité.
Le deuxième défaut, et pas des moindres, est l'absence totale d'empathie entre les personnages et le spectateur mais surtout entre les personnages eux-mêmes. Comment se prendre d'affection pour des gens aussi lisses et sans aucun enjeu si ce n'est celui de leur leader, déjà vu mille fois dans des séries, films, livres ? La faute à un casting complètement raté (ils n'ont aucun charisme, aucun charme) et à des protagonistes qui ne sont là que pour faire évoluer les scènes positivement ou négativement. Pourquoi ne pas, alors, jouer la carte des héros badass comment peuvent l'être tous les méchants du film, avec des masques, des carrures imposantes, des gros plans et des ralentis stylisés ? Pourquoi glorifier et sacraliser ces icônes nocturnes et, au contraire, prendre un groupe de héros aux personnalités introverties ou basiques ? Il y a tellement de potentiel avec un tel film, on peut tellement faire une explosion de grand-guignolesque à la Mad Max et jouer la carte de la démence sur plein de tableaux différents. Une nuit par an, une nuit de pure débauche et de pure immoralité. Au final, c'est un énorme gâchis, un petit film sur une chaîne de la TNT à 22h30, une histoire de gros fusils, de survivants d'un soir et de gardes mitraillés par poignées.
Jamais un film n'aura aussi mal porté son nom. La purge, certes, mais aussi l'anarchie, tellement superficielle et indolore, tellement réduite à un état comateux pour produire un énième thriller conventionnel en tous points. Un peu de folie, que diable. Un peu de courage, un peu de relief.