Après Jersey Boys, biopic consacré au groupe The Four Seasons, le décidément très productif Clint Eastwood revient à la charge avec un film coup de poing, une machine à polémique : American Sniper.
Ce biopic (Eastwood adore ça, ça ne fait plus aucun doute) est consacré à la vie de Christopher Scott Kyle, ancien membre des Navy SEALs, et devenu un héros national après avoir brillé en tant que sniper pendant le conflit irakien. Il trouva tragiquement la mort en 2013, abattu par un Marine qui souffrait de troubles post-traumatiques.
Emporté vers le firmament par un Bradley Cooper en pleine forme, le 34ème long-métrage d'Eastwood est un tour de force. Qu'il s'agisse de la mise en scène, certes classique mais entraînante et bien pensée (ne serait-ce que le choix de limiter les plans dans la lunette de visée pour se concentrer sur les émotions de Chris), de l'interprétation des acteurs, tous bons et bien dirigés ou encore de l'histoire, qui alterne efficacement entre la vie civile et le conflit pour dresser plus efficacement le portrait psychologique de son héros... Ce film est un coup de maître cinématographique.
Mais il reste un aspect à traiter, et pas des moindres : pourquoi a-t-il déclenché une si grande polémique ? Est-ce vraiment le brûlot patriotique et réac' que tout le monde se plaît à décrire ? Et bien non, non et non. Mille fois non.
Clint Eastwood est certes un cinéaste républicain (il fut l'un des plus grands soutiens de Mitt Romney pour les dernières élections présidentielles aux USA) mais son regard ne peut être aussi simpliste, aussi peu réflexif. Et je ne donnerais volontairement aucun exemple de ce qui, selon moi, fait de ce film bien plus qu'une éloge de Chris Kyle (et d'ailleurs, en est-ce vraiment une ?), car j'estime que le film parle de lui-même : Clint Eastwood a rempli son oeuvre de bons nombres de messages et d'indices pour nous faire comprendre pourquoi Chris Kyle agit de la sorte. Mais surtout, ces éléments traduisent le point de vue de Clint Eastwood, qui effectue ici, bien plus qu'un quelconque "devoir de patriote" dont il se fiche probablement, une analyse comportementale d'un homme, et plus globalement d'un pays tout entier.