Ni vraiment comédie, ni vraiment film d'action, American Ultra est le genre de film qui pousse ses acteurs à revendiquer en conférence de presse le droit de ne pas mettre les gens (et les choses) dans des cases. Sauf que, faute de case, je suis passée à côté.
Le pitch ? Un stoner un peu paumé et incapable de trouver le bon moment pour demander sa copine en mariage, découvre tandis que des agents de la CIA essaient de le tuer qu'il est en réalité le fruit d'une expérience gouvernementale avortée.
Pourquoi ça ne marche pas ?
Les personnages, d'abord. Un adulescent légèrement attardé pour protagoniste ; une alliée un peu crado mais quand même jolie ; un antagoniste à qui on ne concède pas le moindre soupçon d'intelligence, d'humour ou d'esprit... Tout dans American Ultra fait pencher la balance de film INDÉ vers film CLICHÉ, peinant de fait à garder l'intérêt du public. Même Jesse Eisenberg et Kristen Stewart, somme toute assez bons dans le rôle d'un couple d'adulescents un peu gnangan, ne parviennent pas à sauver ce film de l'ultra.. banalité.
La structure, ensuite. Si les 30 premières minutes du film sont encourageantes (quoi qu'assez lentes à s'écouler), on assiste très vite à une débandade de blagues pas toujours très drôles, de bains de sang pas toujours justifiés, et de romance un peu trop "geekisée" pour plaire au moindre amateur de BD. Car c'est là toute la caractérisation de notre personnage principal : il sait dessiner mais n'a pas le courage de se lancer. Il veut aller à Hawaï, mais a peur de voler. Un anti-héros façon jeune adulte un peu débile, franchement pas la peine de se payer un ticket, autant traîner en pyjama toute la journée. Il n'y a de progression que le nombre de méchants zigouillés, de réel intérêt que la bande son un peu dopée. Les dialogues s'oublient presque aussitôt après avoir été entendus, et les références indies (Allez avouez, on a tous une noodle soup dans le placard) ne suffisent pas à faire oublier les longs moments sans rire, pleurer, ou même être intéressé(e).
Les incohérences, enfin. (Attention spoiler)
Donc, si l'on en croit la bande d'American Ultra, on peut être de la CIA et :
1. Déserter pour vivre d'amour, de beuh et d'eau fraîche.
2. Tuer des collègues sans rendre de comptes.
3. Rayer une ville entière de la carte sans demander l'avis de qui que ce soit.
Je n'ai pas encore validé ma thèse sur le sujet, mais sérieusement.. WTF?
Alors quand je vois un Max Landis (le scénariste) sermonner la planète Twitter parce que son film ayant pourtant "une bonne campagne de pubs, de grandes stars, et une bonne idée derrière" a flopé au box-office américain, se plaçant derrière "un sequel, un reboot de sequel, un biopic, et un sequel et un reboot", j'ai envie de rejoindre tous ceux qui ont osé s'élever contre lui et lui expliquer qu'un film, c'est quand même plus qu'une bonne idée.