American Ultra, c'est une tartine de Nutella sauce Ketchup.
D'un côté, on a un film d'action parfois très violent on l'on voit des personnages sangloter dans leur sang.
De l'autre une comédie très cartoonienne avec des personnages irréalistes, en particulier des méchants qui se comportent comme des enfants.
Autant, de l'humour dans un film d'action c'est rarement une mauvaise idée, autant cet humour là est plus destructeur qu'efficace, il nullifie la tension et ridiculise l'action sans parvenir à faire rire.
Le résultat est donc difficile à avaler.
Pourtant, sorti de ce mélange insoluble, le film est bien foutu.
Tout d'abord les deux acteurs principaux font de l'excellent boulot, plus exactement ils ont la gueule de l'emploi, Jesse Eisenberg excelle dans les rôles de post-ado paumé et associable, et Kristen Stewart est née pour interpréter des crasseuses amatrices de Marie-Jeanne.
Ensuite, c'est bien filmé, c'est très (très) bien sonorisé, les scènes d'actions sont sympas et quelques pointes de créativité allègent le tout.
J'ai particulièrement apprécié le fait que Kristen engueule Jesse après m'être moi-même énervé qu'il ait bêtement désigné un flingue à un ennemi désarmé.
L'idée de tourner une scène sous lumière ultraviolette est aussi très intéressante.
Mais on est vite rattrapé par l'humour enfantin sinon crétin du tout qui casse le peu de cohésion d'un scénario excentrique à la base.
Kristen était très bien en gentille droguée, pourquoi la changer à mi-chemin en ex-agent du gouvernement ayant lâché son job du jour au lendemain pour devenir une camée ?
C'est totalement con, ça ouvre dix mille questions (Ils l'ont laissé partir sans rien faire ? D'ou a-t'elle eu le temps de se faire embaucher dans une agence secrète, d'y bosser et de la quitter alors qu'elle n'a qu'une petite vingtaine ? Ca fait pas trop chier de vivre avec un petit ami en lui mentant sur tout ?)
Et ça ne sert à rien, ils n'en font pas une machine de guerre comme son petit copain, elle ne révèle rien de fondamental, ça à juste pour conséquence de fâcher Jesse pendant 5min, après ça ils seront séparés jusqu'à la fin du film...
Le fait que le méchant soit prêt à bombarder (missiler en fait) la ville pour dégommer un type inoffensif à la base, et pire encore, dispose de ce pouvoir, ça va chercher très loin quand même, ma "suspension of disbelief" (voir Ed Wood de Tim Burton) ne tient pas la distance, et rien n'est fait pour l'aider.
Bref, American Ultra aurait pu être un grand film d'action, exploitant un synopsis certes usagé (au revoir à jamais, trilogie Bourne) mais efficace.
Pourtant, un manque de cohérence à la limite du sabotage fait que le film tient surtout debout par le soutien de ses deux acteurs principaux.