En essayant de ne pas trop divulgâcher, je dirais que la première partie du film est absolument délectable; on comprend directement qu'on a à faire à un film initiatique, dans une Venise filmée de manière somptueusement apocalyptique, en tout cas quelque chose qui souligne sa grandeur passée et qui nous fait ressentir un désespoir tragique à propos du temps qui passe et de la beauté qui s'évanouit. Ca discourt sur les grands maîtres de la peinture, sur le défunt Saint-Empire avec une telle aisance et une telle acuité qu'on est prêts à suivre nos personnages où qu'ils puissent nous emmener.
Mais dès le premier regard jeté par le judas, dans mon cas, un doute raisonnable s'installe sur le gros de l'intrigue. Ce qui est pour moi une grosse erreur de réalisation parce qu'on est pas censés douter à ce moment-là.
Et finalement, le pot aux roses - plutôt fanées d'ailleurs, les roses - on le devine bien avant le candide Tino. Et finalement ce qui est le plus intéressant dans une initiation, à savoir chercher la clé, puis être subjugué par le dévoilement du mystère, tombe un peu à plat et malgré une très bonne partition de tous les acteurs, et des scènes à couper le souffle (celle où Tino et Lucia sont ensemble dans le manoir notamment), le matériau philosophique qui fait office d'écran de fumée à l'énigme paraît assez vain.