Drôle d'objet que cette suite de l'énorme succès que fut Amityville, la maison du diable en son temps. Bizarrement confié à Damiano Damiani, artisan solide du cinéma italien, plus habitué aux films politiques qu'aux gaudrioles bis, le film ne pouvait en effet que dévier de la routine qui lui était promise.
Loin de l'habituelle famille modèle qui emménage traditionnellement dans les maisons hantées,celle qui prend possession de la fameuse maison s'avère vite complètement déglinguée, à tel point qu'on se demande souvent ce que l'esprit malin qui la tourmente pourrait bien inventer pour les rendre plus chtarbés. Entre le père violent, les ados incestueux, les petits incontrôlables et la mère à l'ouest, difficile de faire plus fertile comme terreau de folie meurtrière. 10 minutes sont à peine passées qu'on est déjà au bord du meurtre de sang-froid. En fait la force maléfique servira surtout de catalyseur pour faire exploser tout cela avec un jusqu'au boutisme rarement vu aussi explicitement à l'écran.
Outre le plaisir de voir Burt Young dans un rôle important (et taillé sur mesure), le casting est solide et entretient parfaitement le malaise ambiant, de même que la mise en scène toute en mouvements de caméras impossibles et en vues subjectives "à la Evil Dead". Et que dire de l'étrange scène de poursuite / viol en vue subjective du jeune héros par la "force" ? L'ensemble se tient constamment au bord de l'hystérie, oscillant entre kitsch et terreur pure.
Il s'en est fallu de peu pour qu'Amityville 2 devienne un remake bis et survitaminé du premier opus. Las, la dernière partie, repompe éhontée et laborieuse de L'Exorciste de Friedkin, diminue de beaucoup l'intérêt du film, en plus de casser son rythme, mais apporte heureusement son lot de maquillages cradocs et de scènes débiles.
A tout prendre, ce film est donc un excellent divertissement horrifique, surtout marquant par son atmosphère de stupre, sa mise en scène démesurée et son ton très eurotrash, qui tranche résolument avec celui, plus puritain, de son prédécesseur.