Amour est un film étrange. J’ai eu du mal à savoir si je l’avais vraiment aimé tant il m’a fait pleurer.
Un couple de vieux bourgeois vit tranquillement dans son bel appartement parisien, lorsque la femme, Anne a une petite attaque. Sa santé va se détériorer tout au long du film, et son mari doit faire face à cette dégradation progressive, il voit sa femme, son amour, se mourir… Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant sont formidables, ce dernier m’a prise aux tripes.
C’est un film sur l’amour, l’extrême vieillesse et puis finalement la mort. Je peux vous dire que dans la salle, où ma sœur et moi étions les deux seules de moins de 60 ans, régnait un silence de plomb comme j’en entends rarement. J’ai juste entendu dire ma voisine au bout de quelques minutes de film « Eh bien c’est pas joyeux ». En effet ça ne l’est pas. Ne vous attendez pas à vous sentir requinqué et plein d’espoir en sortant de la séance.
La réalisation est très sobre, avec de longs plans fixes parfois sans dialogues. Le film est également dénué de musique, hormis quelques partitions de piano (Anne était professeure). Tout cela donne une terrible sensation de réalité, très crue et surtout cruelle. Cela appelle en nous des sensations de malaise, de tristesse et de compassion, comme si on regardait nos propres parents ou grand parents. Comme l’a dit Teklow13 dans sa critique, je ne sais pas si c’est bien sage de la part d’Haneke. C’est un cinéma froid, où même si l’amour est présent, jamais les personnages n’émettront de chaleur humaine. On voudrait tant voir un baiser, un supplice, une larme… Mais non, les larmes sont seulement sur notre visage de spectateur.
J’ai plus l’impression d’avoir pleuré parce qu’Haneke parle d’une fatalité qui nous frappera tous, et pas parce que le film est un drame bouleversant à la Douglas Sirk. D'habitude j'aime lorsque un film provoque chez moi quelque chose d'assez fort pour que ça me fasse pleurer, mais là je dois dire que la larme était amère...