Dès les premières secondes de ce long long-métrage de 4 heures, on nous le dit: Dans la ville de Manzhouli, un éléphant ne bouge jamais et reste assis toute la journée. Cette information sera répétée de nombreuses au cours de ce film. Elle fascinera nos personnages, elle sera un but.


Un but ? C'est ce que cherche en vain nos héros. L'univers que nous propose ce film est une ville post-industrielle chinoise. Nous suivrons quatre personnages dans un dédale de situations. Leurs destins seront liés. Les connexions seront nombreuses mais jamais invraisemblables. Le film l'errance de ces quatre personnages qui, en l'espace d'une seule journée, permettent à Hu Bo de philosopher sur la vie et sur le monde.


Et ce qui ressort de ce film, c'est un état des lieux de la Chine, et il n'est pas très propre. L'espoir n'est pas une option, et le dialogue est complètement rompu. Nos quatre personnages se heurtent à l'incompréhension et à la cruauté de leurs proches ou des gens qu'ils croisent. Mais si Hu Bo n'aime pas les gens, il aime ses personnages principaux. Il s'accroche à eux, comme s'ils étaient son dernier espoir. Et nous aussi on s'accroche à eux.


La maîtrise de Hu Bo, pour un premier film, est incroyable: il enchaîne plans fixes et plans séquences, avec une virtuosité folle. Le film un rythme lent, mais il est cependant très dynamique. La photographie, qui fait ressortir la grisaille de cet univers, est elle aussi, complètement réussie.
On ne ressort pas indemne de An Elephant Sitting Still. Le fait que l'auteur se soit donné la mort juste après avoir terminé son film, fait de cette oeuvre un testament.


Je l'ai dit, Hu Bo s'accroche à ses personnages comme à des rochers. Des rochers qui se noient de plus en plus dans des abîmes. Il le suit le plus loin possible, puis une fois que ceux-ci sont arrivés au bout de la route, il nous laisse. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il propose des lueurs d'espoir à sa lettre d'adieu, comme s'il s'agissait d'un Post Scriptum.

NotTheMessiah
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le 26 janv. 2019

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