Ana Arabia par Hugo Harnois
Quand une jeune journaliste israélienne s'apprête à entrer dans une maison où juifs et arabes cohabitent, elle pense tenir un sujet solide, mais, au fil des rencontres qu'elle fera dans cet abris ravagé par le temps, l'espoir dépassera tout discours, et la vérité ne prendra qu'une direction, celle de la paix la plus absolue.
Les mains caressant ces murs fissurés, les chaussures claquant des dalles défraîchies et le vent s'invitant dans les cheveux de la jeune femme donnent la définition du cinéma contemplatif, un art qui ne peut s'arrêter ou laisser la caméra s'interrompre puisque Amos Gitaï la laisse tourner pendant quatre-vingt minutes, et cela sans interruption.
Malgré la pauvreté de ce logement, on y sent un profond amour du lieu et une ode à la paix qui aurait pu être remarquable si l'actrice avait joué son rôle (certes, très complexe) différemment car on ne sent en elle ni la surprise, ni la nostalgie, ni un quelconque sentiment d'espoir lorsqu'elle s'entretient avec toute cette famille pourtant pleine de puissance dramaturgique.
Dans une époque où ces deux peuples se déchirent et où les morts s'additionnent chaque jour, le septième art a toujours des réponses, et c'est aujourd'hui celle du calme, de la cohabitation et de la tolérance, qui sont des valeurs parfaitement retranscrites dans Ana Arabia, une œuvre à la mise en scène exemplaire et un récit labyrinthique regorgeant de chemins en tout genre ne menant que vers un seul et unique but : l'amour et la sérénité.