Anatomie d'une chute : opération ratée

Alors oui, je sais qu'il est facile de critiquer le film que tout le monde a adoré : quelle originalité, cet homme est définitivement doté d'un esprit libre bravant la doxa majoritaire...

Sans vélléité de ma part de jouer l'éternel insatisfait, le critique aigre et désabusé, je dois bien dire qu'en toute sincérité, je n'ai pas aimé le "chef d'oeuvre" primé d'une palme d'or, d'une légion de César et, qui sais, peut être bientôt d'un oscar.

Anatomie d'une chute a pourtant le mérite de réunir tout les éléments cinématographiques qui nous font dire : c'est bien un film français. Tout est lent, les dialogues, le récit, l'intrigue, l'ensemble s'envase douloureusement dans une fausse mélancolie qui aura tôt fait de faire sombrer le spectateur dans une vraie dépression, ce qui a au moins le mérite d'éclairer sur les raisons du suicide de la victime.

Faute de balcon assez haut, il faudra tout de même supporter le film jusqu'à la fin.

On aurait pu se consoler avec les scènes de Cour d'assises qui mettent un peu de rythme au récit mais c'était sans compter un manque de rigueur dans la représentation d'un vrai procès, avec un procureur peu convaincant, des juges inexistants et un avocat qui ne parvient pas à redresser la barre.

Finalement, on attend encore la chute dans cette Anatomie, on reste sur notre faim, le procès est terminé, chacun rentre chez soi et puis voilà. En définitive, c'est peut être exactement ce qu'à voulu représenter Justice Triet : la justice passe, les individus restent, la page n'est pas tournée d'un revers de manche et c'est à chacun de reconstruire l'après, la réalisatrice ne nous dira ni comment ni pourquoi, c'est au spectateur qu'il appartient de terminer le film.