Avec Angel il est certain que François Ozon, qui réalise ici son unique (à ce jour) sortie hors de la France qui lui va si bien et dont il aime torturer la bourgeoisie qu'il admire tout autant, ne se fait pas que des amis.
Son film est un pur fantasme cinématographique, un plaisir purement personnel, par lequel le réalisateur assouvit son envie de romantisme à l'anglaise et de film à costume. Certes on y retrouvera très (très) légèrement quelques petites doses de sa perversité habituelle et son ironie presque moqueuse.
Mais c'est plus dans ce récit d'une femme qui confondra toujours, et avec détermination, la réalité et ses rêves, qu'on retrouve le Ozon qu'on aime ; celui qui jongle avec les secrets et les mensonges, les fantasmes littéraires et la vérité, l'illusion comme échappatoire d'une réalité au-dessus de laquelle on plane toujours, tout autant qu'un joli portrait de femme, tout cela incarné par une série de personnages remarquablement interprétés (Romola Garai, assez incroyable, avec son œil fou et son excitation aussi touchante qu'horripilante).
Ozon assume donc son goût, et livre un récit à l'eau de rose parfaitement classique, et s'amuse, autant qu'il nous amuse, à parodier tout en rendant hommage, à la fabrique à rêve qu'était le cinéma aujourd'hui désuet du Hollywood des années 30. Cet exercice et ce fétichisme de cinéaste formaliste pourra échapper à certains, mais l'on pourra également se contenter d'un film, de fait, désuet à son tour, qui puise son charme déroutant dans sa naïveté et cet univers de conte de fée au premier degré totalement assumé, qui fait de lui une œuvre mineure, et loin d'être le meilleur film de son réalisateur, mais une curiosité à découvrir tout de même.