En Angleterre, au début du siècle, Angel Deverell, adolescente effrontée et sûre d'elle, rêve de devenir écrivaine. Ambition assumée puisque son premier roman est publié. D'autres, de la même eau (c'est-à-dire eau de rose),suivront.
Dès le générique, François Ozon annonce la couleur -rose- d'un film érigé en mélodrame à l'ancienne, en exercice de style arborant, à dessein, un romanesque pompier inspiré d'une certaine littérature féminine, telle qu'on peut imaginer l'oeuvre de son héroine Angel. Aussi, c'est une succession de poncifs dramatiques et romanesques qui forme le scénario du film et détermine l'existence, notamment amoureuse, d'Angel.
Le problème, c'est que, même pris au second degré, le pastiche d'Ozon, d'autant qu'il est dépourvu de dérision et d'ironie, subit comme n'importe quel mélodrame du genre les lourdeurs de l'écriture et d'un scénario couru d'avance. il n'est pas jusqu'à la musique emphatique, la minutie et l'ostentation baroque des décors et costumes qui ne finissent par nous peser.
Surtout, en dehors de quelques séquences trop rares où Angel, par son arrogance et son égoisme, sa vanité, offre le visage d'un personnage de premier plan, le film donne à voir des seconds rôles communs et fades, la palme revenant à
l'amant puis mari d'Angel,
indéfectiblement aimé, joué par le transparent Michael Fassbender.
Ozon ressuscite un genre, joue avec les codes épais du roman de gare que, faute de causticité et d'impertinence, on prend au pied de la lettre. C'est par moments -sentiment peut-être accentué par la VF (Romolo Garai est doublée par Ludivine Sagnier)- assez insupportable.