(Film revu sur la vieille VHS sortie chez Uncut Movies, et ce fut bien agréable à revoir!)
Principale constatation concernant ce film : tout est tiré en longueur, et ce de manière totalement excessive. En effet, quasiment chaque séquence pourrait sans doute être montée plus courte, le résultat final dépassant les 2h30! Un film-fleuve, donc, mais j'avoue que pour ma part, ça n'a pas été pour me déplaire. Ce film a son rythme propre, et si on l'accepte de lâcher prise par rapport à ça, alors on reste comme hypnotisés face à ce déluge interminable d'images alternant scènes chaudes, scènes malsaines, scènes trash, scènes gore, scène de développement des personnages secondaires, etc...
Andreas Bethmann, qui a commis notamment l'espèce de hentai gore en live qu'est "Damonenbrut", ou encore le bien déviant "Rossa Venezia" (sorti chez Uncut aussi, en son temps), nous pond ici un véritable film d'exploitation tourné en vidéo, dédié à Joe D'Amato et à Jess Franco (cela est signalé en fin de pélloche... euh de bande VHS!). A l'instar du premier de ces deux larrons, surtout, ce métrage aligne les scènes de cul, ou juste un peu dénudées (la séance de photo de Manila au début de l'histoire - assez émoustillantes, il faut dire) et les alterne sans prévenir avec des passages gore ou bien assez trash, comme la scène de viol au début de l'histoire. Mais bon, on est ici face à une sorte de "Emanuelle en Amérique" du pauvre, car l'ensemble de la réalisation est vraiment trop brinquebalante. Par exemple, le jeu des acteurs et actrices fait peur tellement on est dans des prestations pathétiques. Mention spéciale, d'ailleurs, à l'amie blonde de la princpale protagoniste, qui passe au moins deux minutes chrono à pleurer suite à une rupture brutale avec son ex. Elle regarde la photo de ce dernier pendant ce long moment, et finit par déclarer (je cite) : "Salaud!". J'éclate de rire à chaque fois que je vois cette séquence! En fait, il n'y a pas un acteur ou actrice dans tout le casting pour rattraper l'autre, et cela devient, au choix, plombant ou hilarant. Autre séquence marrante : le deal de drogue. Le bad guy qui veut acheter la poudre à un dealer commence à répandre celle-ci sur le capot pas très plat de sa voiture, et forme une ligne avec cette poudre à l'aide d'une carte de banque. Sauf qu'en faisant ça, vu que le capot n'est pas très plat, la moitié de la poudre blanche tombe sur le sol avant qu'il parvienne à former la ligne. Il finit par sniffer celle-ci, mais le fait qu'une bonne moitié soit perdue ne semble déranger ni le dealer, ni l'acheteur! Au prix où ça doit coûter au gramme, ce détail pas du tout crédible m'a encore une fois fait hurler de rire!
En revanche, quelques scènes sanglantes assez gratinées surviennent, surtout vers la fin, et restent bien dégueu malgré le manque de moyens manifeste de celles-ci. Manila attire un type pour coucher avec, lui coupe la tête pendant l'acte, et commence une relation nécrophile avec la tête coupée. On note aussi une scène de sodomie au poignard vers la fin du film, exécutée par le personnage de la mère maquerelle.
La séquence du cauchemar que fait Manila, est quant à elle, assez sombre et d'une inquiétante étrangeté assez folle (sauf le passage bref où ce rêve est interrompu par une autre ligne narrative : on se met subitement à suivre le personnage d'une prostituée retenue par les deux personnages principaux masculins, les deux macs. Cette interruption, scénaristiquement, est un non sens absolu, il faut le voir pour le croire!)
Au final, l'ensemble m'a fort bien plu, mais je suis peut-être l'un des seuls à apprécier ce genre de spectacle? Les passages ratés sont savoureux, et les scènes dérangeantes restent efficaces, malgré le manque de budget.
Je reste fan de Andreas Bethmann, même s'il n'a pas fait que des chefs-d'oeuvre, loin de là. Son "Die Insel der Dämonen", sorti la même année que "Angel of Death", reste à ce jour le pire truc que j'ai pu voir de lui : un curieux mélange entre "Démons" de Lamberto Bava et une sitcom se passant au bord d'une plage, style "Coeurs Caraïbes". Indigeste! Mais le même réal s'est tout de même bien amélioré dans la suite de sa carrière (voir les deux "Exitus", que j'apprécie beaucoup plus).