Angoisse par Kroakkroqgar

Dans la majorité des films d’horreur, on retrouve les mêmes schémas classiques, les mêmes intentions visuelles, mais la peur suscitée par le genre se résume généralement au sursaut qui accompagne une apparition surprise. Pourtant, dès que l’on joue avec les codes du cinéma horrifique, des films étonnants peuvent naître. Le récent ‘The Cabin in the Woods’ jouait la carte de l’hommage malin, tandis que ‘Angustia’ met en scène le film d’horreur lui-même.

‘Angustia’, c’est avant tout une mise en abîme géniale. L’œuvre suit en fait les spectateurs d’un film d’horreur projeté dans une salle de cinéma. La première partie de’ Angustia’ est en réalité la projection du film fictif ‘The Mommy’. Toutefois, il ne s’agit pas d’un faux film puisqu’on suivra l’intrigue de ‘The Mommy’ en même temps que le récit de ses spectateurs.

Mieux encore, les deux histoires se répondent et se mêlent, et c’est ainsi que ‘Angustia’ parvient à provoquer l’angoisse. Au cours du visionnage d’un slasher, il n’est pas rare d’avoir peur de subir un sort identique aux victimes du serial-killer en sortant de chez soi. C’est précisément cette peur là que vise l’œuvre. Cela commence par la présentation du malaise des spectateurs de ‘The Mommy’, malaise très vite contagieux tant le film dans le film semble torturé. Ce même procédé appuie l’horreur des scènes gores, dans la mesure où c’est l’angoisse de Patty qui les rend insupportables à nos yeux, en plus de l’impressionnante qualité de celle-ci. Et quand la fragile adolescente annonce ne « pas pouvoir en supporter davantage », la même réflexion nous vient à l’esprit, afin de rendre la surenchère de ‘The Mommy’ plus efficace.

‘Angustia’ va plus loin encore dans la réflexion sur le cinéma horrifique, puisque l’œuvre va jusqu’à plonger ses personnages dans la même situation que le film qu’ils visionnent. Non seulement le scénario est plutôt habile, mais le film met ainsi en scène la plus intense des craintes du spectateur. Enfin, le plus grand coup est porté par la conclusion. L’horreur absolue perce avec une pointe de fantastique, et glace d’effroi.

Mais ‘Angustia’, c’est en grande partie ‘The Mommy’, un film terriblement malsain. Certes, le scénario du film dans le film est pauvre, mais l’atmosphère qui y est crée met parfaitement mal à l’aise. En particulier, John est repoussant et inquiétant, que se soit dans sa manière de manger ou dans sa respiration bruyante pendant qu’il tue. En ce sens, ‘Angustia’ parvient à faire peur. D’ailleurs le film propose une scène d’une puissance prodigieuse. La séance d’hypnose métaphysique de la mère du tueur, à la fois sur son fils et les spectateurs, se conclue par un passage d’une violence visuelle et sonore terrifiante.

En fait, l’œuvre a la chance de ne jamais paraître fauchée. L’atmosphère de ‘The Mommy’, les scènes gores réalistes sont réussies, sans oublier l’excellente mise en scène puisqu’on se perd par moment dans les différentes profondeurs de l’histoire. Quant à la bande-originale, elle est très efficace.

Angoissant et intelligent, un chef d’œuvre de l’horreur.