Au temps de son premier long-métrage, Manoel de Oliveira était encore un jeunot, 34 ans seulement ! On a vu dans Aniki Bobo un film précurseur du néo-réalisme et il est vrai que cette chronique d'enfance, dans sa bonne ville de Porto, ressemble quelque peu à du de Sica. L'intrigue, assez mince, pourrait se passer dans le monde des adultes : amitié, amour, trahison, lâcheté, jalousie ... Elle est cependant proche du burlesque par bien des côtés, avec une bienveillance qui s'efface parfois devant le drame et le sentiment de la culpabilité avec une scène qui appartient clairement à l'expressionnisme. C'est la naïveté poétique de l'ensemble qui emporte l'adhésion, totalement maîtrisée par une mise en scène d'une fluidité parfaite.