Ce qui est le plus fâcheux avec ce film, c'est qu'en voulant adopter une forme de regard neuf il ouvre des brèches conceptuelles majeures où le cynisme peut facilement s'engouffrer. J'ai eu la naïveté de croire qu'il oserait beaucoup plus politiquement parlant mais quand je vois la vacuité du propos de Vipulan et surtout de Bell, je vois une appolitisation totale.
Pour un sujet aussi majeur et complexe que l'écologie, je ne comprends pas qu'on puisse le traiter aussi mal, par exemple avec la scène clichée du journaliste espagnol. J'en veux d'autant plus à Cyril Dion que c'est son 3e film sur le sujet et l'idée de base de faire intervenir la jeune génération, ma génération, est bonne.
Mais cela ne peut pas fonctionner si ces deux jeunes n'ont pas un soupçon de sensibilité à quelque forme que ce soit de pensée complexe. Cela se voit avec leurs conclusions à deux balles: "Oui, peut-être que la misanthropie n'est pas la solution..." Merci, quelle révélation ! Comment veux-tu être pris au sérieux en déblatérant ce genre de propos... Ridicule. Cela étant d'autant plus révoltant pour des jeunes comme moi qui sommes censés être représentés par ce propos.
Au mieux la thématique de la biosphère et des écosystèmes est un prélude à un sujet beaucoup plus incisif, qui ose prendre un vrai parti et qui sort de son confort de pensée. Le cas du Costa Rica est frappant où il est présenté comme "pays parfait" sans aucune nuance. La scène aux lapins (et dieu sait que ce genre de traitement fait aux animaux est révoltant et ignoble) est profondément gênante, surjouée et même pas développée par la suite pour émettre un propos cohérent.
" C'est le système le problème ", et bien encore merci, deuxième révélation coup sur coup ! J'en apprends des choses dites-donc. Serait-ce trop vous en demander que de qualifier ce système ? Sans doute que oui, vu qu'il n'en est nullement question dans le film. Cela me rappelle "Society" dans Into The Wild que certains esprits mal aiguisés pourraient associer à Animal. Du tout, du tout. Les dimensions philosophique et humaine reliée à la nature (pas si belle et tendre que cela) placent le grand film de Sean Penn bien au-dessus de cet avant-propos pour enfant de 12 ans.
Chez Christopher McCandless, la dimension politique est à la marge (c'est plus son rejet familial qui le pousse au départ) alors que dans Animal, elle devrait être centrale !
Je sauverai l'image et la photo du film qui sont pour le coup très réussies mais par pitié, quand on veut aborder un sujet aussi complexe, faites le bien ou ne le faites pas. Ce genre de propos nuit plus à la cause écologique qu'autre chose car, troisième révélation de la soirée, il plus qu'urgent qu'on s'active pour sauver ce qu'il reste de la planète (au moins ce scoop-là nous aura été épargné explicitement).