En 2021, Emma Benestan signait son premier long-métrage (Fragile) qui s’attaquait au genre du romcom et à la fragilité masculine. En 2024, elle nous revient avec une approche toute aussi originale, un western fantastique mettant en scène la puissance féminine.
Animale nous plonge dans une manade camarguaise, où Nejma, seule femme du groupe, débarque pour sa première saison. Lors d’une soirée bien arrosée, un évènement terrible se produit et marque un tournant majeur dans la suite du récit. A ce titre, je trouve que le synopsis officiel passe à côté du sujet principal du film : le drame innommable de cette première nuit.
Ce qui rend le film intéressant à me yeux, ce n’est ni la féminisation du western ni la fable écologique que certains ont voulu y voir, mais bien le sous-genre du rape and revenge porté par la féroce Nejma (Oulaya Amamra). La colère grandissante et la transformation progressive du personnage viennent éclairer le spectateur sur ce qu’il s’est réellement passé lors de cette soirée déterminante.
Tout cela fonctionne grâce au jeu d’acteurs et à la participation des raseteurs camarguais, évidemment, mais surtout aux images fantasmagoriques et à l’atmosphère onirique du film. La photographie est signée Ruben Impens (Grave, Titane, My Beautiful Boy) et met en avant une Camargue sauvage, filmée en grand angle, où règnent taureaux noirs et chevaux blancs. Il y a une métaphore filée de la souffrance de la femme à travers l’animosité de la bête qui porte le récit… jusqu’à l’évidence.
C’est là que le film déçoit. Pour moi, les trente dernières minutes sont tout bonnement inutiles, grossières, maladroites. Ça manque terriblement de subtilité. Emma Benestan pense le spectateur bête, alors elle veut vraiment tout lui montrer.
Mon conseil : partez avant la fin. Mais allez-y quand même. En arabe, Nejma veut dire étoile et c’est un prénom qui sied parfaitement à l’actrice principale, étoile montante du cinéma français !