A Rome, le pape n’est plus. Le cardinal Lawrence est alors en charge de l’organisation du prochain conclave pour élire le nouveau pontife. Entre machinations politiques et doutes méthodiques, la sacralité du Vatican est compromise.
Le scénario est inspiré du roman à succès de Robert Harris. Le procédé électoral est aussi réussi à l’écran, porté par un casting prestigieux. Ralph Fiennes est convainquant dans la peau d’un homme de Dieu qui doute, tout en acceptant ce rôle capital de doyen du Collège des cardinaux. Stanley Tucci, Carlos Diehz et Lucian Msamati dévoilent également des prestations théâtrales, prenant soin d’exprimer toute l’ambivalence de leurs personnages.
A mon sens, la force du film réside dans son esthétique tout simplement divine. Suzie Davies réalise une reconstitution fidèle du Vatican et de la résidence Casa Santa Marta à Cinecittá. Le film met à l’honneur les peintures éblouissantes du génie Michel Ange. Pour que ça fonctionne, il a fallu compter sur l’engagement visuel du chef opérateur Stephane Fontaine et de la costumière Lisy Christl. Il y a un jeu de lumières, de couleurs et de saturation de l’image qui est tout simplement fabuleux, mis en valeur par une composition quasi géométrique. Les scènes les plus accessoires, dans les escaliers ou les couloirs, deviennent dignes de chefs-d’oeuvre picturaux.
En ce qui concerne l’intrigue, tout le monde s’entend à dire que ça ne tient plus vraiment vers la fin du film. Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais le wokism est allé un peu trop loin à mon goût. En fait, le film fonctionne très bien jusqu’à la rupture du huit-clos. Dès que le monde extérieur s’incruste dans le scénario, on entre malheureusement dans le blasphème du succès cinématographique.
Une dernière pensée pour la musique véhémente de Volker Bertelmann qui sert à merveille la tension narrative, grâce à une frappante harmonie d’instruments à cordes.