Je ne connaissais rien de ce film avant de le lancer ; mais pendant le visionnage, j'ai été pêcher des infos, parce que je m'ennuyais un peu. Et là je constate que ce film belge a profondément divisé de par sa violence : certains y ont vu une immersion dure mais juste, d'autre une complaisance à fustiger.
Personnellement, je n'ai rien contre les actes de violence montrés frontalement comme c'est le cas ici ; je n'ai pas décelé la moindre complaisance, dans le sens où on n'en ressort pas, comme dans un film de Tarantino, avec l'impression que c'était 'cool', au contraire, on est du côté de la victime, elle morfle et le comportement odieux des agresseurs n'est jamais glorifié. L'immersion ne fonctionne pas pour autant ; c'est réaliste, ça oui, ça m'a fait penser à des vidéos qu'on m'a envoyé une fois, avec des gens se faisant tailler en pièces dans un pays en guerre, une vidéo assez horrible (plus horrible que ce que l'on voit ici car malgré tout, il y a des coupes lors de certains moments brutaux) ; mais l'immersion, pour moi, émane de cette possibilité de s'identifier, et pour s'identifier il faut des conflits, c'est-à-dire des obstacles que le héros pourrait franchir, résoudre. Ici, nous n'avons jamais l'impression qu'il va s'en tirer ; quand il est relâché et puis retoruvé un peu plus loin, on comprend que les auteurs ont juste dédidé de le faire morfler, s'il s'en sort ce sera uniquement selon le bon vouloir des auteurs, à coup de deus ex machina. Donc pas de conflit, donc pas d'immersion, juste une longue torture, bien exécutée techniquement, c'est assez bluffant, mais qui ne raconte finalement pas grand chose (disons qu'après 2 minutes on a compris où voulait en venir l'auteur, le reste n'était pas nécessaire). Et le film est comme ça tout du long, on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir, il faut attendre la toute fin, en suivant un personnage secondaire, pour trouver une sorte de piste psychologique un peu facile, un peu pauvre car pas assez développée.
Niveau mise en scène, c'est assez réaliste dès le début, avec des interprétations très naturelles. De ce fait, le personnage princnipal manque d'une caractérisation digne de ce nom, et même les méchants, ils n'ont rien de particulier pour les distinguer, ils sont interchangeables. L'interprétation ne sauve donc pas les manques au niveau de l'écriture. Mais les acteurs jouent bien malgré tout, c'était assez courageux pour toute la troupe de réaliser ce film, tant celui qui joue la victime (qui doit quand même sucer un levier de vitesse et être trimballé à poil) que ceux qui jouent les agresseurs (comment passer pour de vrais connards, surtout qu'ils sont convaincants ; je me demande s'ils toruveront facilement d'autres rôles). Le découpage fonctionne bien, le montage aussi : ça coupe là où il faut, on voit ce qu'il faut pour y croire, mettre en avant la détresse du personnage, montrer l'horrible violence.
Bref, c'est bien foutu et le concept est intéressant ; mais il manque des éléments narratifs pour rendre le film plus intéressant : une possibilité de s'échapper (même si au final le héros perd), des personnages un peu plus creusés (ça reste du cinéma quoi qu'on en dise, il faut 'cadrer' les personnages) et une structure plus logique (peut-être suivre dès le début celui que l'on suit à la fin? ça n'empêche pas de rendre compte du calvaire de la victime et ça permet même d'enrichir le discours sur la violence son apparente nécessité quand en fait elle ne fait qu'empirer les choses).