Son empire ne vaut plus rien : ses flops répétés, parfois injustes, ses affaires de moeurs, son économie qui a les yeux plus grands que le ventre. Et son image écornée, un peu plus encore aujourd'hui par les railleries virales et l'acharnement de la critique condescendante et goguenarde.
Ainsi, Luc Besson n'est plus que l'ombre de lui-même. Au point de recycler les restes de sa gloire passée, histoire de se refaire un peu financièrement après Valérian et la Cité des Mille Planètes. Car Nikita n'est jamais très loin, mixée avec l'atmosphère et le message et les figures d'un Red Sparrow ou encore d'un Atomic Blonde.
Mon tout est un autre prénom dans sa filmographie, Anna. Ainsi qu'un concept usé jusqu'à la corde pour certains. Les mêmes qui vous diront sans doute que l'actrice principale ressemble, dans son art de la comédie, à une carpe privée d'oxygène. Les vilains...
S'il faudra bien reconnaître qu'une ou deux scènes posent de gros problèmes dans cette matière, l'inexpressivité étant à son comble le temps d'une visite d'agence de top models, le reste n'a rien de honteux, ou au contraire d'impérissable. Sasha Luss est un beau brin de fille, à l'évidence, rentrant à merveille dans les canons longilignes de l'éternel gros barbu adolescent. De ses femmes objet aussi jolies qu'elles frappent fort et crèvent l'écran, tant Luc Besson filme son Anna avec un amour de celui qui découvre ses hormones, et une attirance non feinte.
Ce ne sera donc pas la moindre des qualités du film, tant Sasha Luss est de presque chaque plan.
Côté scénario, rien que du classique dans le genre espionnage, parfois agrémenté de caricatures et de ficelles grosses comme le poing. Mais, de manière surprenante, on se prend au jeu en essayant de déceler les charnières d'une intrigue tout en sauts dans le temps, tenant bien en haleine. Et de se prendre d'empathie pour cette jeune femme qui n'a pour seule ambition que de se sortir du trou à rats que constitue sa vie.
Si on ajoute à cela une action rare mais tenant plutôt bien la route, on peut se dire, à l'issue de la projection, que Anna fait passer un assez bon moment, malgré une légère baisse de rythme à mi-parcours. Mais pas de quoi refroidir Moscou, d'autant plus que le film est, pour une fois, quasi totalement dénué de l'humour bien rance cher à la plume de l'actuel Luc scénariste.
Alors, oui, il y a toujours, comme symbole ultime, cette obsession de l'héroïne qui bastonne en porte-jarretelles. Alors, oui, Anna n'arrivera jamais à la cheville de Nikita. Tandis que la fin de l'aventure est quand même bien pétée, il faut le reconnaître. Mais à côté de cela, il y a le décor super agréable de ces années 80/90 et de l'antique affrontement d'une guerre froide meurtrière qui n'en finit plus.
Il y a aussi ce charme indéfinissable, les fondements du réalisateur qui sont revisités, comme si les films d'action qu'il imaginait n'avaient jamais changé depuis trente ans. Certains auront tôt fait de qualifier la démarche de foutage de gueule, voire de paresse ultime. Les plus faibles, dont je fais partie, mettront cela sur le compte d'une certaine nostalgie rendant le film assez sympathique et séduisant.
La vérité réside sans doute dans un entre deux : celui d'une resucée qui se laisse regarder, parfois apprécier, constellée de certains défauts récurrents de l'écriture de son auteur, sans jamais totalement braquer cependant. Car Anna ne sera jamais Nikita. Anna ne sera jamais un chef-d'oeuvre. A l'évidence.
Mais Anna saura sans doute, par instant, se faire aimer.
Behind_the_Mask, qui recherche la femme, dans la femme, dans la...