Comédie musicale pop et décalée, Anna est une commande de l’ORTF, réalisée par le cinéaste suisse Pierre Koralnik et mise en musique par un Serge Gainsbourg qui semble n’avoir d’yeux que pour Anna Karina (sublime, il est vrai). Véritable ode à l’égérie de la Nouvelle vague tendance muse godardienne, ce téléfilm aux couleurs éclatantes – il s’agit du premier film couleur tourné pour la télévision, revu sur grand écran dans sa version restaurée 4 K – marque par son insolente modernité. Anna Karina est pratiquement de tous les plans et quand elle n’y est pas, elle y est tout de même par le biais de la photo géante qu’un Serge amoureux aveugle (Jean-Claude Brialy, d’autant plus charmant qu’il est perdu) a fait placarder dans les rues de Paris. A vrai dire, le scénario tient en quelques lignes – un homme prend par hasard une femme en photo, en tombe amoureux et la cherche partout… alors qu’elle travaille pour lui –, mais peu importe. Anna, c’est avant tout une ambiance pop non exempte de douce mélancolie, une bulle de fraîcheur et d’insouciance saturée de spleen, les chansons de Gainsbourg et le rire d’Anna Karina, rollergirl inoubliable à la recherche d’un point précis sous le tropique. Sous le soleil exactement.
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