Anora, Palme d'or 2024, vraiment ? Bien que la qualité du long métrage soit indéniable, ce choix, eu égard à certains de ses remarquables concurrents, paraît pour le moins contestable. Son début, en tous cas, qui détaille les croupes des vices des travailleuses du sexe fait se demander s'il n'y a pas une certaine complaisance à montrer ces dames dans le plus simple appareil, ou peu s'en faut. Le côté trivial de la chose se retrouve aussi dans des dialogues où les mots grossiers volent bas et en escadrille. Ceci posé, il est indéniable que l'énergie du film est un vecteur de jubilation et que le rythme va crescendo, parfaitement suivi par le sans faute de la mise en scène de Sean Baker, dont c'est, incontestablement le meilleur film. Cette version féroce de Pretty Woman, même nourrie à un anti-oligarquisme primaire, fonctionne comme une lutte des classes sauvage, où la loi des plus forts (riches) est soumise à rude épreuve et comme un conte de fées totalement biaisé. Le côté jouissif du récit vient bien entendu de cette lutte des extrêmes, où les coups les plus bas sont permis, tel un vulgaire combat de catch. Et c'est un grand plaisir de suivre Mikey Madison donner tout ce qu'elle a dans un rôle à facettes où elle brille de mille feux. Mais bon, une Palme d'or, n'est-ce pas un brin excessif, tout de même ?