Anora
7.2
Anora

Film de Sean Baker (2024)

Le qualificatif qui m'est venu en visionnant Anora, c'est : sympathique.

De là à mériter une Palme d'Or ?... Heu, c'est un film sympa, mais une Palme...

D'abord les faiblesses : une première partie qui traine en longueur. Certes, cela permet de découvrir cette jeune femme forte, qui assume son métier, qui refuse de se laisser faire. Anora a envie de dévorer la vie, et si argent et conte de fée sont au rv, c'est encore mieux. Mais ça commençait sérieusement à me lasser. Du coup les scènes de sexe me sont apparues comme un artifice pour maintenir le spectateur dans son fauteuil.

Puis les choses dérapent enfin... Et oui, c'est souvent drôle, mais j'ai franchement vu mieux. Les critiques ne semblent vouloir s'arrêter que sur ce point, une Palme drôle...

Alors qu'en fait, ce film vaut bien mieux. D'abord le casting, excellent. Chaque acteur joue sa partition à la perfection. Bien sûr, nos deux tourtereaux d'abord. Mikey Madison en jeune femme qui veut s'accrocher au rêve américain. Enfin l'accès à la fortune, au luxe, à la démesure ; face à Mark Alexandrovich Eidelstein, sorte de Timothée Chalamet défoncé, et lâche comme tout gosse de riche qui ne fait rien pour mériter toute cette profusion de liberté et de stupre.

La bande de bras cassés sensés veiller sur ces égarements somme toute assez fréquents, va nous régaler par un comique de situation bien dosé. Et il y en a un qui dégage réellement quelque chose, qui capte la caméra, c'est Youri Borrisov (Igor). Ce type a du charisme, mais tout en douceur. Je suis curieux de voir d'autres de ses prestations...


Que raconte ce film au final ? Il oppose plusieurs mondes, plusieurs conceptions de la vie, plusieurs générations, plusieurs minorités. Il confronte surtout le rêve américain devenu inaccessible, dont Anora va pouvoir mesurer la barrière infranchissable. Et c'est finalement dans une vieille Merco qu'elle trouvera un homme, un vrai... Mais chacun doit rester à sa place, toutes les places sont prises, il n'y a plus de place au panthéon pour les loosers magnifiques. Et alors ? Au final, ce n'est peut-être pas plus mal. Alors oui, Anora est un film cocasse, mais qui manque d'impertinence, en en montrant trop, il désamorce son récit. On sait l'intérêt que porte Sean Baker aux travailleurs du sexe. Mais un peu plus de subtilité enrichirait son sujet. Bien sûr, il vit avec son temps, nous présente une génération que plus rien n'effraie, ni vendre son corps, ni abuser des autres pour son propre plaisir. Anora est une fable de ces temps modernes, juste une fable. Un bon film que j'ai regardé avec plaisir, mais ce n'est pas tout à fait du calibre d'une Palme.

Kerven
7
Écrit par

Créée

le 1 nov. 2024

Critique lue 42 fois

1 j'aime

3 commentaires

Kerven

Écrit par

Critique lue 42 fois

1
3

D'autres avis sur Anora

Anora
canutins
4

la Reine des neiges et la citrouille

C'est l'histoire d'une fille qui rêve d'être Cendrillon. Qui aurait pu croire que les carrosses se transforment toujours en citrouilles bien avant minuit quand le prince charmant est un oligarque...

le 30 oct. 2024

103 j'aime

8

Anora
Plume231
7

Cendrillon et le rêve (russo-)américain !

Tout d'abord, à ma grande honte, c'est le premier film de Sean Baker que je vois, donc je ne ferai pas de comparaison avec ses autres œuvres, qui sont autant de futurs visionnages, pour creuser une...

le 31 oct. 2024

50 j'aime

Anora
garystu
6

Une Palme par défaut ?

Encore une fois après Red Rocket, je me pose la question du pdv de Sean Baker sur ce qu'il filme. J'ai l'impression qu'il n'interroge pas les fantasmes masculins qu'il met en image. A savoir ici, sa...

le 20 sept. 2024

34 j'aime

7

Du même critique

Mosul
Kerven
9

Un film de guerre pas comme les autres...

Mosul est un film qui ressemble à d'autres du genre, mais pas tout à fait... D'abord la ville de Mosul et l'Irak, toujours filmés par des réalisateurs américains ou canadiens ; de fait, une version...

le 1 déc. 2020

13 j'aime

Nowhere
Kerven
7

Toujours avoir une Makita

Réalisateur espagnol, Albert Pinto devrait se faire remarquer avec ce Survival féminin. Un pays qui sombre dans le totalitarisme, une fuite, un parcours de migrants aux mains des passeurs, et puis un...

le 29 sept. 2023

9 j'aime

1

Philip K. Dick's Electric Dreams
Kerven
7

Une série assez inégale

Forcément, avec Philip K.Dick, le besoin d'exigence monte d'un cran chez le spectateur averti. 10 épisodes basées sur les nouvelles de ce diable d'homme dont la paranoïa n'est plus à évoquer. Le...

le 27 févr. 2018

8 j'aime