Anora a tout de la relecture d'un conte de fée. Le ver est dans le fruit, pourtant, dès le début, tant les images de la pseudo-romance s'avèrent volontairement factices. Lorsque la réalité rattrape Anora, le film se change alors en une réjouissante et féroce satire pendant une traque qui s'étire une nuit entière. Enfin, la noirceur advient, celle qu'on n'attendait plus, les personnages se révèlent, mais le film n'est pas exempt d'espoir.
Ce qui séduit dans Anora, c'est d'abord l'énergie de son personnage principal. Mikey Madison parvient à paraître parfaitement vulgaire et pourtant, tout à fait touchante ; elle sera obstinée, déterminée, combative, alors que ses espoirs s'évanouissent progressivement. Espérons que nous la reverrons.
Et puis, il y a ce plaisir manifeste que prend Baker à filmer l'ensemble comme si c'était une comédie. La satire corrosive creuse un sillon qui se rapproche un peu de ce que faisaient les frères Cohen.
Enfin, il y a les différentes tonalités du récit qui s'entremêlent constamment, même si on peut discerner trois parties distinctes.
Un mot sur les personnages, qui existent tous avec une belle densité, car aucun d'entre eux n'est réduit à son simple cliché, sauf peut-être la marâtre de l'histoire, la mère du jeune homme.
Avec tout cela, Anora fait montre d'une belle profondeur, bien que sans doute, il aurait gagné à être un peu plus condensé.