Anora
7.2
Anora

Film de Sean Baker (2024)

Plus ça passe et plus j’aime le film, j’adore Sean Baker et la façon dont il parle des oubliés de l’Amérique, « Anora » ne fait pas exception.

En regardant le film, j’ai vraiment eu la sensation que Sean Baker s’intéresse à un personnage qui aurait été limite figurant dans un film « normal ». Anora pense qu’elle va s’élever socialement via la richesse de ce jeune pourri gâté mais elle ne restera qu’une prostituée parmi tant d’autres.
Elle pensait le berner, qu’il allait vite tomber amoureux d’elle mais elle n’est personne, pire elle dégoûte les riches, on ne s’excuse même pas auprès d’elle.
Beaucoup disent que Baker ne fait que « l’objectifier » mais justement ça fait sens quand il le fait au début du film mais on va vite comprendre que c’est juste une femme perdue prête à tout pour sortir de sa misère sociale (sans jamais être misérabiliste, thème déjà très bien abordé dans le très bon « Red Rocket »).
On va donc être en empathie en voyant son rêve utopique et naïf se dérober sous ses pieds, être méprisée de par son métier et sa condition sociale. Une vraie tragédie qui m’a beaucoup ému.

Et c’est là que le personnage d’Igor est super intéressant, c’est le seul qui va la comprendre, le seul de la même classe sociale qu’elle, qui va l’humaniser comme le fait le spectateur. Anora va être horrible avec lui parce que le regard des gens comme lui ne l’intéresse pas, ça résume aussi bien son métier, jusqu’à ce final déchirant qui rejoint aussi l’autre discours du film sur le jeu de pouvoir, Anora use de son physique pour prendre du pouvoir mais ce n’est rien face à l’argent qui peut tout détruire, dit comme ça ça semble bateau c’est sûr mais je trouve que c’est vraiment habilement fait dans le film.

Beaucoup ont aussi été rebuté par l’humour qui est très présent à partir d’un certain moment, personnellement j’ai plutôt aimé même si je peux comprendre que ça décontenance, Sean Baker a voulu sûrement sortir de sa zone de confort même si c’est pas toujours réussi ça n’enlève en rien l’émotion qu’on peut ressentir envers Anora et je trouve qu’on ressent une vraie sincérité de Baker et on sent qu’il aime du fond du cœur son personnage.

Ah oui et pour finir Mikey Madison est absolument incroyable, drôle, sublime et déchirante. Le genre de rôles qui fait de toi une star. C’est tout ce qu’on lui souhaite, elle le mérite en tout cas.

Édit : ce qui est tant déchirant dans le parcours d’Anora, c’est qu’elle pense avoir du pouvoir avec le sexe mais elle sera toujours prisonnière de l’argent malgré elle.

Eykho
8
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le 14 nov. 2024

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