Anora
7.2
Anora

Film de Sean Baker (2024)

Quand Anora rencontre Vanya dans la boîte de striptease où elle s’effeuille, l’attirance est réciproque. Si bien que le morveux d’oligarque l’invite à passer la semaine avec lui. Pour le meilleur et pour le pire.


“Pretty woman, walking down the street…” a-t-on envie de fredonner. Si l’on croit encore aux contes de fées en 2024, ceux-ci n’ont plus le glamour influé par Richard Gere et Julia Roberts. Ani, visage atypique entre l’Asie et l’Amérique, ne tapine pas. Mais elle montre ses fesses tatouées et ses seins aux genoux sur lesquelles elle s’assoit à la chaîne. Quant à son pygmalion richissime, c’est un Thimothée Chalamet russe qui joue à la Playstation entre deux séances de baise enfumée. Ce premier jeu de séduction mêlant sexe, drogue et gaspillage de dollars par une jeunesse dorée complètement hors-sol pourrait vite lasser. C’est alors qu’un autre film commence après 1 heure de very bad trip et un mariage coup de tête à Las Vegas qui ne va guère plaire aux parents du fils prodigue. Appelé en plein baptême, le parrain et ses sbires débarquent pour une leçon de cinéma digne de Martin Scorsese ou des frères Safdie. De quoi faire exploser Anora, qui signifierait « grenade » en ouzbek, bien décidée à réaliser son rêve de « f-word » Cendrillon. Dans le rôle, Mikey Madison fuse, elle qui fut carbonisée par Leo DiCaprio dans Once upon a time in Hollywood et ensanglantée dans Scream. La voir escortée par trois gorilles dans la brume de Coney Island est d’un comique rare. Dans la nuit newyorkaise, cette bande de bras cassés en bave autant qu’elle et ne souhaite qu’une chose, retrouver leur femme ou leur grand-mère plutôt que d’affronter la tempête sibérienne. Mais le plus fort dans l’art provocant de Sean Baker, c’est de parvenir en toute fin à nous serrer la gorge, en faisant croire avec un arrière-goût mélancolique que le prince charmant pourrait avoir le regard d’un « violeur » empathique.


(9/10)

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le 17 nov. 2024

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