Marvel ou l'art de la déception. Après la consécration Avengers, la Maison des Idées est partie ultra-confiante dans une phase 2 assez honteuse, hétérogène et peuplée de nombreux problèmes de production, pour la conclure pauvrement par Ant-Man, un film d'introduction classique. Tout y passe. L'exposition du héros (Scott Lang), ses sidekicks, sa famille, son mentor (Hank Pym), et la famille de ce dernier également. Si le concept du passage de flambeau est intéressant et permet d'ancrer davantage la mythologie du super-héros, il est mal exploité et nous inflige une bonne heure mollassonne, qui pèche par son manque de rythme et de fluidité, en nous resservant des gags prévisibles, un humour excessif et forcé, ainsi que du mélodrama typiquement Disney-ien. Le ratio 1.85 n'aide pas non plus à chasser l'impression d'un téléfilm dans ces moments. La mise en scène reste très sommaire, malgré un petit effort côté photographie et, question bande-son, c'est aussi très pauvre, avec quelques morceaux Funk en faire-valoir, un peu comme pour les Gardiens.
Même les premières scènes miniatures écument tous les clichés de Fourmiz ou 1001 Pattes. Ces scènes à petite taille sont l'essence du long-métrage et, si correctes pour la plupart, elles accusent un trop plein de CGI dans les décors et les fourmis de compagnie, à tel point que l'action millimétrique a parfois plus de mal à convaincre que celle de L'Homme Qui Rétrécit, sorti en 1957. Ici, tout dépend trop des FX irréguliers, cachés tant bien que mal par quelques flares, flous de focus, et autres filtres visuels. On ressent aussi un aspect tutoriel de jeu vidéo lorsque Pym guide Lang dans l'oreillette, ou bien à travers les persos qui pensent constamment tout haut, comme si le spectateur ne pouvait pas interpréter un plan silencieux.
On remarque tout de même que les acteurs semblent s'amuser, et s'investissent jusqu'à l'émotion. Evangeline Lilly reste un peu trop passive, et Paul Rudd n'affiche pas non plus une sacré palette, se contentant de faire des vannes en mode cool, comme un Star Lord du pauvre. Par contre, Michael Douglas y croit et Corey Stoll, à défaut d'être le méchant sous-exploité habituel, a quelques bons passages de vilain. Les costumes rendent aussi admirablement bien à l'écran, dans leur concentré de technologie futuriste et textiles classieux. Une grande partie du film repose sur les talents de voleur de Lang, sous la houlette de Pym senior. De ce côté (préparation, exécution,...), c'est à nouveau très basique ; un melting pot soft de tous les films de casse du genre Ocean's 11 ou Braquage À l'Italienne, non dénué de quelques scènes sympathiques, dont un gros clin d’œil à Avengers via un caméo très chouette du Faucon, dans une séquence toute droite sortie des comics.
Et, après un démarrage fastidieux, à 30-40 min de la fin, le film parvient enfin à trouver une harmonie plaisante et devenir le long-métrage héroïque et fun que l'on attend depuis l'apparition du logo Marvel. Ant-Man est alors garni de répliques et gags vraiment drôles (celle du chien est à tomber), ainsi que de bonnes trouvailles visuelles pour les scènes d'action finales. Le contrecoup étant, bien entendu, que tout est très prévisible et balisé depuis l'exposition initiale, même si les scénaristes arrivent à y glisser quelques surprises pour conclure le long-métrage sur une note positive. Ce qui ne rend pas forcément plus confiant pour le futur du MCU, car c'est toujours Marvel, ses gros sabots, et ses films moulés à la chaîne, mais Ant-Man nous montre qu'il y a encore quelques bonnes idées qui traînent et la possibilité de s'amuser un minimum, même devant les cas les plus désespérés.