Le nouveau Marvel se révèle conforme à l'image que l'on a tendance à se faire du MCU : Des films drôles, beaucoup d'action pas mal exécutée la plupart du temps, mais un scénario et une caractérisation des personnages de bas étage
Le scénario se révèle inintéressant. On suit les pérégrinations de Scott, Hope et Hank sans pour autant sentir aucune urgence ni enjeux, la faute à des facilités scénaristiques constantes et à un humour qui vient plomber toute sensation de danger. Pour ne rien arranger, la trame prend un chemin qui laisse totalement indifférent
A savoir le retour de la mère de Hope, Janet Pym. Cette idée aurait pu fonctionner si on avait des doutes sur la possibilité de son retour, ou si les enjeux n'étaient pas autant centrés sur elle. Non seulement on sait très bien que l'on a affaire un énième film hollywoodien et donc au happy ending qui va avec, mais en plus son retour enlève tout une partie tragique du passé des Pym. Sans compter le côté niais et irréaliste de son retour, puisque elle a passé cinquante ans toute seule dans un monde où l'espace et le temps sont complètement différents, mais sans aucune séquelle psychologique ou physique. Toute la dimension dramatique de son sacrifice tombe à l'eau et cette suppression rejaillit sur Hank et Hope, qui perdent en caractérisation
Ant-Man et la Guêpe est plus qu'une stagnation : Il est une régression pour les personnages. Outre les Pym, Scott subit le même traitement : Jamais il ne se brouille avec sa fille ou le nouveau mari de son ex-femme, tout comme il ne demeure jamais en conflit entre son amour pour cette dernière et celui qu'il a développé pour Hope, et il est évidemment un super bon papa que sa fille adore. Seules ses relations avec les Pym se nuancent et varient un peu, et encore.
Il ne faut pas oublier que parmi elles, on compte la fameuse dispute qui intervient au trois quarts du film, et dont on sait qu'elle finira par se résoudre. De même, il ne perd pas sa liberté et peut donc toujours rendre visite à sa fille. Grosse faille scénaristique d'ailleurs puisqu'au moins des dizaines de caméras ont filmé Scott sous son costume d'Ant-Man, avec probablement des extraits sonores où il parle. Le FBI n'hésite pas à débarquer chez lui au moindre soupçon mais les agents ne font rien lorsqu'il se ballade en costume géant, s'implique dans une course poursuite mettant des centaines de personnes en danger et coûte des dizaines de milliers de dollars à la municipalité ? Plus stupide tu meurs, surtout quand on a le droit dans les premières minutes du film a un bla bla qui fait référence aux accords bidons de Civil War et à leurs conséquences drastiques (Mais également bidons)
Louis fait toujours office de comic-relief. A défaut d'évoluer lui aussi, il reste toutefois une des tentatives d'humour qui fait mouche dans le film avec ses comparses de la boîte de sécurité où il travaille, tandis que l'ex-femme de Scott et son mari sont transparents et tertiaires (Mention spéciale au mari dont la moitié des répliques sont "salut mon pote"). En parlant d'humour, le film semble avoir le même défaut que Thor Ragnakrok, à savoir une surdose de comique qui tend à décrédibiliser toute tension dramatique, l'exemple le plus marquant étant une scène où les antagonistes expliquent leurs motivations jusqu'à que le portable de Scott sonne pour aboutir sur un gag. En quelques secondes, tout le côté sérieux de la scène s'effondre et nous ne fait pas croire une seconde au intentions des antagonistes
Les antagonistes sont d'ailleurs le gros point faible de ce film. Pourtant les motivations du Fantôme, l'ennemi de ce volet, sont au premier abord loin d'être inconsistantes
Se venger de Hank qui est à priori responsable de la mort de ses parents et de son état de santé en lui prenant sa femme qu'il pense enfin avoir retrouvé après des années de veuvage. Et puis le fait que ce soit l'égo de Hank qui ait détruit sa vie aurait été une piste intéressante, histoire de rendre cette confrontation moins manichéenne, plus nuancée
Lorsqu'on entend ses explications, son envie de vengeance est alors critiquable mais compréhensible. Hélas, cinq minutes plus tard tout est désamorcé, et les motivations et la crédibilité des antagonistes s'effondrent au fil du film
On apprend que le père du Fantôme était un traître et un vilain pas beau. Donc au lieu d'avoir un antagoniste avec des raisons valables d'en vouloir à Hank Pym tout en nuançant le personnage, on revient au manichéisme du même acabit que lors du précédent opus, avec Daren Cross collaborant avec Hydra, des terroristes nazis, et torturant des animaux choupis pour son bon plaisir. Le fait que son associé et figure paternelle, interprété par Laurence Fishburne, soit une vraie girouette n'arrange pas les choses. Sacrifier la femme de Pym alors qu'il sur le point de la retrouver après des décennies sans elle et sans même être sûr du résultat : Pas de problème ! Kidnapper la femme ou la fille de Scott pour débloquer la situation alors que le temps de sa protégée lui est compté : Jamais ! Il vient même souhaiter bonne chance à Pym alors qu'il est supposé le détester au point de monter une machination contre lui. La déchéance de l'antagoniste est atteinte dans les dernières minutes du film, où le scénario ne lui accorde même pas le droit de mourir pour montrer un côté tragique et rendre le film un peu plus sombre. Elle est sauvée par la mère de Hope grâce au fabuleux et stupide pouvoir de j'ai-passé-cinquante-balais-dans-un-univers-subatomique-seule-sans-développer-une-quelconque-séquelle-alors-cadeau. Finalement, elle aura passé tout le film à être tord puisqu'il aurait fallu qu'elle attende bien sagement que le trio ramène Janet d'entre les morts, décrédibilisant tout son propos et ses motivations
Le troisième antagoniste ne vole quant à lui pas bien haut non plus. Il s'agit d'un trafiquant de technologies qui veut forcer une affaire avec Hope et Hank. Sa seule fonction est de servir de comic-relief avec Louis et d'allonger la durée du troisième acte. Tout comme Bill Foster et Ava, ses motivations sont soit stupides, soit dépourvues de sens
Bien sûr. Le FBI ne va surtout pas garder un laboratoire à la pointe de la technologie qui coûte un milliard, surtout lorsqu'il est dédié à faire des recherches sur un domaine scientifique très complexe qui pourrait mener à des avancées révolutionnaires. Il ne va surtout pas le mettre en lieu sûr et éventuellement le faire garder par les Avengers. Et puis la nanotechnologie, la microbiologie, tout ça c'est des conneries. Rien ne vaut une technologique quantique qui ne peut pas percer un blindage ou se rétrécir à des tailles microscopiques sans que cela soit réversible
A défaut d'avoir un scénario intelligent ou même passable, le rythme et l'action font que même si le spectateur n'a cure de l'intrigue, l'ennui ne pointe pas le bout de son nez, une conséquence aussi liée cet humour omniprésent . Il est toutefois dommage que le gros des scènes d'actions soient dévoilées dans la bande-annonce. Si la course poursuite qui alterne des rétrécissements et des agrandissements est spectaculaire, et encore, rien n'est vraiment transcendant, les combats entre le duo de super-héros manquent cruellement de panache. Les coups donnés par le Fantôme paraissent patauds et dégagent un sentiment de lourdeur alors que les affrontements avec les hommes de main de Kurt, grâce au jeu avec l'environnement et les pouvoirs des super-héros, sont par exemple, plus haletants
La principale conclusion qui ressort après la visionnage de ce film et qu'il aurait été bien meilleur s'il avait été une comédie à part entière, au lieu d'un affrontement entre des antagonistes fades et des héros sans réelle évolution, lesquels ne sont jamais confrontés à quelque chose d'un tant soi peu tragique.