Avant d'attaquer ma critique du film en lui-même, il faut d'abord que je vous parle de ma vision du Marvel Cinematic Universe, dont j'avoue être un spectateur assez assidu. En effet, j'apprécie ce grand feuilleton d'action, d'aventure et d'autres influences cinématographiques diverses, que nous propose Marvel Studios depuis 2008. Cette série grandeur nature, dans laquelle les épisodes sont carrément des long-métrages qui se suivent plus ou moins pour former une construction en mosaïque cohérente, constitue pour moi un agréable divertissement et un plaisir d'enfant, qui a connu pour moi son apogée en 2019 avec la sortie de "Avengers Endgame". Le film était un chouette moment de spectacle et d'émotions, qui proposait à la fois un best-of malin et un vrai aboutissement de l'ensemble de cette construction cinématographique assez inédite qu'est ce fameux MCU. Depuis ce film, Kevin Feige, le "showrunner" de cet ensemble, à lancé la suite avec la dite phase 4. Pour moi, la fin de sa 1ère "saison" étant très réussi, il aurait été tout aussi judicieux de s'arrêter à "Endgame". Mais je suis quand-même allé voir les films suivants, guidé par ma curiosité et par mon envie de répondre à la question suivante : "comment vont-ils arriver à faire mieux ?".
Et après la phase 4 et ses (trop) nombreux films et désormais séries, force est de constater que la question ne se pose même pas, puisque les créateurs de Marvel Studio n'ont simplement pas réussi à faire mieux. La phase 4 s'apparente de fait à un fourre-tout trop chargé, qui ne semble pas trouver une quelconque cohérence ou fluidité, et surtout au sein duquel les rares bonnes productions (Loki en tête) sont en grande minorité et se distinguent clairement de celles plus oubliables ou vraiment insupportables (Thor 4 en queue de peloton).
Bref, à l'issue de cette phase 4, je me retrouve fatigué par des films qui ne me divertissent plus et parfois même m'énervent, lassé d'avance par des séries qui me paraissent sans intérêt. Alors même que le système industriel de Marvel Studios me semble avoir atteint ses limites, "Ant-Man Quantumania" arrive en salles et initie la phase 5 du Marvel Cinematic Universe. Et l'optimiste/nostalgique qui est en moi me donne envie de croire à un nouveau départ, à un retour à des chapitres efficaces, divertissants et parfois plus encore, comme savait le faire le MCU auparavant. Je vais donc voir le film. Et je ne regrette pas, car ce que j'ai ressenti devant Ant-Man 3 fut inédit !
Le film commence par une dizaine de minutes qui nous expose la situation de Scott Lang après les évènements de "Avengers Endgame". On retrouve alors le ton propre aux films Ant-Man, ce registre de comédie drôle et légère, qui fonctionne en partie grâce au capital sympathie de Paul Rudd et à son personnage, un super-héros un peu à côté de la plaque qui semble constamment se demander comment il a pu en arriver là où il est. Même si ça va trop vite, comme piloté par ce besoin d'efficacité à outrance qui a donne un rythme frénétique regrettable à de nombreux films du MCU, je trouve que ce début fonctionne bien. Je suis content de retrouver le personnage et le reste de la bande, je suis dedans ! Puis très vite arrive l'évènement déclencheur et pas des moindres : Scott et toute la bande se retrouvent propulsés dans le nébuleux royaume quantique. Et un autre film commence.
La joyeuse troupe débarque donc dans un univers se voulant impressionnant, digne d'un space-opera. Divisés en 2 équipes, les personnages vont arpenter cet environnement étrange et tenter de l'appréhender. Parce qu'il y a beaucoup à appréhender. En effet, rapidement, chacune des 2 équipes se retrouve confrontée à une cohorte d'Aliens plus loufoques et surprenants les uns que les autres, le tout dans des décors vraiment délirants. Tout est coloré et dynamique. Et l'on passe de l'un à l'autre sans s'y attarder. Et cela continuera jusqu'à la fin du film. Alors que les personnages progressent dans le royaume quantique jusqu'à leur rencontre avec le méchant et leur affrontement avec ce dernier, Ant-Man 3 va enchaîner à un rythme soutenu les visions extravagantes et les idées conceptuelles déjantées, jusqu'à sa grosse bataille finale démesurée. Et surtout jusqu'à l’excès. Sans déconner, le film atteint très vite le n'importe quoi. Et il persiste. Il débite son scénario d'action/aventure avec un déluge d'idées folles, d'effets visuels opulents, de formes et de couleurs bizarroïdes, entre lasers, explosions et créatures en tous genres. Ca va du génial au grotesque. Et quand on pense avoir tout vu, il en remet une couche, au point d'en devenir absolument stupéfiant d'exubérance. Et ce grand n'importe quoi est renforcé par le le scénario, qui ne prend jamais vraiment le temps de nous expliquer un minimum ce qu'est tout ce bordel ! On est projetés un monde censé être plus petit que tout (par ailleurs que l'on n'avait déjà vu auparavant dans l'univers mais jamais ainsi, paye ta cohérence) complètement exotique et étrange, peuplé de créatures diverses et variés, aux aptitudes fantastiques et aux conventions singulières. Bref, on est ailleurs. Mais jamais l'on nous explique le pourquoi du comment. On baigne donc dans ce grand n'importe quoi nébuleux, sans comprendre les fondamentaux des règles qui le régisse.
Or, au milieu de ce grand n'importe quoi foisonnant vraiment curieux, le film semble se prendre très au sérieux, car il a des ambitions. D'abord, il doit mettre en place Kang, annoncé comme le nouveau grand méchant de l'univers Marvel entier. Il veut aussi bâtir une vraie intrigue d'aventure familiale, au cœur de laquelle Scott et sa fille Cassie vont apprendre à s'accepter l'un l'autre, Janet accomplir sa rédemption après avoir aidé Kang et le reste de la famille se réunir pour de bon. Le tout en se terminant sur un large conflit : le soulèvement épique des opprimés du royaume quantique contre l’oppresseur Kang le conquérant.
Mais le film n'est pas à la hauteur de ces ambitions. Kang, certes véritablement incarné, avec ironie et force, par Jonathan Majors, ne parvient malgré tout pas à convaincre en grand méchant. Entre ses discours obscurs sur le temps et ses dessins ouvertement belliqueux, on peine à comprendre ses motivations profondes et on ne voit en lui qu'un méchant banal. Il ne constitue pas une menace réellement effrayante, n'atteint jamais la stature qu'on pourrait attendre d'un méchant de ce calibre, surtout quand on est en position de le comparer avec son remarquable prédécesseur Thanos, l'éco-terroriste infanticide et génocidaire.
Pour le reste, le film n'échappe pas aux poncifs et aux raccourcis. Toutes les intrigues autour de la famille sentent le réchauffé, même si tout cela reste plaisant, grâce à cet humour un peu facile mais plein de second degrès bienvenu, cher à Marvel Studio, et toujours grâce au capital sympathie des personnages que l'on a appris à apprécier avec les films précédents. Quant à la bataille finale, c'est un grand foutoir déchaîné et foutraque qui fait rire autant qu'il divertit, mais qui ne trouve à absolument aucun moment un quelconque souffle dramatique.
Bref, venons en au fait : Ant-Man 3 est un gros nanar. Il nous largue dans un grand n'importe quoi conceptuel et visuel qui va toujours plus loin, sans réel fondement, mais qui se prend au sérieux tout du long. Les intrigues et le jeu des acteurs semblent vouloir faire tendre le film vers un spectacle grave aux enjeux dramatique forts. Mais tout le délire foisonnant qu'il y a autour le contredit et paraît hurler au spectateur que tout cela n'a pas de sens. C'est drôle parce que c'est même la-dessus que se termine le film. On retourne effectivement à la fin à quelques minutes de comédie légère sur Terre, avec Scott Lang qui fait le con et qui se demande littéralement dans sa voix off si la vie a un sens. Comme si le film lui-même riait de son absurdité. Ce qui traduit bien mon ressenti face au film. Il m'a fait rire. Il ne m'a ni satisfait, ni énervé, ni ennuyé. Il m'a mis dans un tel état de stupéfaction face à son absurdité, que j'en ai souris, et même quelquefois ri.
Je donc suis sorti de ce généreux nanar avec cette sensation assez originale, en me demandant ce que le film impliquait pour le MCU. Le fait qu'il démarre son nouveau cycle avec cette entrée dans une nouvelle dimension nanardesque augure-t-il le meilleur ou le pire pour la suite ?
Bonne question. Cela dit, je ne suis pas certain que cela vaille le coup d'aller voir les prochains films pour y répondre. On verra si cette curiosité dont je parlais plus haut me ramènera jusqu'aux salles pour la sortie de l'épisode suivant...
Dans l'immédiat, il me reste cette drôle d'impression que tu m'as faite film, indépendamment de l'univers dont tu fais partie, c'est pourquoi je te mets 4.