Aussi étrange que cela puisse paraître pour une telle production, j'avoue en être sorti pas mal divisé. D'un côté, « Antigang », c'est vraiment du cinéma bourrin qui s'assume, avec une bonne dose de virilité : bref, un bon truc de bonhomme sous testostérone avec casting au diapason, Jean Reno et Alban Lenoir en tête. Personnellement, pourquoi pas, surtout lorsque c'est assumé aussi clairement, y compris dans l'humour assez beauf et un récit quand même très premier degré.
Pourtant, le film ne fonctionne vraiment qu'à moitié. Je pense que cela est en grande partie dû à la mise en scène de Benjamin Rocher, elle aussi dans cette logique, mais trop appuyée, trop lourdaude, pas assez virtuose pour que la sauce prenne réellement, à l'image d'un montage, notamment dans les scènes d'action, parfois très « speed » et un peu fatigant. Les bases sont là, y compris dans la volonté d'économie des personnages ou ce côté très « borderline » niveau respect de la loi, comme si on tentait de ressusciter ce cinéma droitiste à la grande époque de Bébel.
On bascule même, une ou deux fois, dans une forme de noirceur assez inattendue
(cette poursuite manifestement TRES inspirée de « Heat », l'assassinat de Caterina Murino (quelle femme sublime...)),
sans que le film réussisse à marquer les esprits, à l'image d'un final assez long mais où nos héros ne sont quasiment jamais mis en difficulté. À noter, dans le rôle de l'antagoniste, la présence du beau Jakob Cedergren, future tête d'affiche de l'étonnant « The Guilty ». Pas déplaisant, juste limité.