On pourrait présenter Antiviral comme le film d'un petit gars qui veut faire plaisir à son papa. Ça ne serait pas très gentil, mais pas totalement faux. L'appartenance à "l'univers Cronenberg", zone de mutation des corps et des esprits, est ici évidente. Mais faire le procès de Brandon en clone de David serait vain. Après tout, il fait ce qu'il veut.
Il est donc ici question du commerce des pathologies de stars. Les stars ne sont que des images. On ne sait pas de quoi elles sont stars, mais elles le sont. L'exigence est dans le camp des fans. Ils réclament tout, veulent tout, la grippe, les steaks de cellules, les maladies mortelles. Tout se vend, tout s'achète. On connait la chanson.
Brandon Cronenberg est très appliqué. Trop appliqué. Rien n'échappe à son contrôle. L'esthétique du film, sorte de show-room d'un cinéma SF intemporel, où se côtoient fauteuils Mies Van der Rohe, tables Ikea, et machines futuriste des années 50 (donc chromées), où tout est blanc sur blanc, blanc sur gris, noir ou rouge sur blanc, nous impose des codes déjà trop vus. Le récit lui-même, bien écrit, jouant moins sur les dialogues (dont certains abscons) que sur les images (bon point), avance sans surprise jusqu'à un final inutile et trop fermé.
Frappé du syndrome du bon élève (un peu comme les enfants d'enseignants), Brandon Cronenberg ne se donne aucune liberté. Ayant tout bouclé à l'écriture, sur-bouclant au tournage et au montage, il se refuse (à lui-même) toute sortie de piste. Freudiens et lacaniens pourraient à coup sûr rappliquer et nous offrir leurs analyses, mais ce serait un autre film...
On notera cependant un excellent habillage musical (E.C. Woodley) et l'étonnante prestation de Caleb Landry Jones, littéralement désensualisé, comme vidé de son sang, figure diaphane et monstrueuse d'un récit clinique métallique et glacial.