Inspiré directement d'une nouvelle de Joseph Conrad " Au cœur des ténèbres " au départ, ce film est une odyssée au bout de la folie humaine. Tourné par un réalisateur mégalomaniaque Francis F. Coppola, dans une nature qui se révéla capricieuse et hostile ( les Philippines ), joué par des acteurs en proie aux doutes et aux affres de l'alcool ou de la dope ( Martin Sheen en tête de liste ) , hanté par l'ombre tutélaire d'un Marlon Brando qui démarrait sa descente aux enfers physique, personnelle et professionnelle, ce très long métrage est un lent et maladif poème au temps qui se dérobe, aux certitudes qui s'effondrent, aux hommes qui se perdent dans la guerre et la violence en se cherchant eux-même... La part de ténèbres que nous possédons tous en nous se dévoile à nos yeux, effroyable et belle, pure et sauvage, personnifiée par le colonel Kurtz, Brando magnétique, minéral, militaire d'exception, désabusé, qui a décidé d'appliquer des méthodes terribles, mûrement réfléchies et spectaculaires afin de combattre le vietcong, en dehors de toutes convenances, morales et normalement admises, de toutes les frontières d'état, de toutes les instructions laissées par le haut commandement US. Détaché des autres, il veille tel un bouddha granitique sur une milice hétéroclite, toute dévouée à ses moindres caprices, et attend celui qui le délivrera de son enfer personnel... Celui qui est choisi ( Martin Sheen, le capitaine Willard ) pour être envoyé par les généraux américains pour cette mission va devoir au gré de la descente d'un fleuve gris et nonchalant affronter sa propre part d'obscurité alors que sa raison semble déjà instable... Tout repose sur cette idée d'une humanité civilisée, qui se perd au fur et à mesure que l'on remonte le cours de cette large bande d'eau, qui se dilue dans la boue des berges aspirantes et vaseuses accostées par cet équipage de bons petits soldats de la nouvelle Rome. La folie, la peur,la mort attendent chacun des membres de ce patrouilleur envoyé vers Kurtz et son armée. Le Vietnam est le prétexte, la guerre est le véhicule et la démence est l'aboutissement... "Au cœur des ténèbres"..., se terre le cœur de l'homme qui n'a plus peur...
L'embrasement a gagné la terre à coup de napalm et le cœur des êtres humains s'est éteint dans la forêt et au fur et à mesure de l'avancée sur le fleuve... Les hommes redeviennent des animaux..."This is the end" scande Jim Morrisson alors que le Vietnam s'enfonce dans le crépuscule des Dieux bercé par la " chevauchée des Walkyries " à plein volume sur des hélicoptères bourrés d'hommes venus de l'ouest...
Un film à voir en version Redux si possible ( Plus longue de quelques 40 minutes ), en VO...
Personne ne se remet de cette vision fantastique...