Que dire qui n'a pas été encore dit sur ce film, en particuliers quand tous les adjectifs surdimensionnés lui colle parfaitement ?
C'est une plongée de trois heures en Enfer, dont seul l'écran peut nous distancer. Dès l'intro, avec The Doors sur fond de forêt cramant sans raison et de Martin Sheen absorbé par le son d'un ventilateur, on comprend qu'il n'y aura pas de pause pipi. Dans chaque scène, on devine l'apocalypse qu'était le tournage aussi. Ça rend son Enfer d'autant plus immersif. C'est comme si rien n'était faux, qu'ils improvisaient l'histoire en plein milieu d'un vrai Vietnam halluciné. C'est dire si la mise en scène est impressionnante. Que ce soit pour les batailles (l'image de la vache transportée en l'air par des hélicos en plein milieu de tout ce bordel est inoubliable) ou les scènes plus modestes, avec une utilisation particulièrement poignante des bandes audio dans le film. D'ailleurs, les scènes mythiques s'enchaine et ne s'arrête jamais. Mentions spéciales pour la scène des prostituées, celle des hélicos sur "Walkyrie" bien évidemment, et la frontière du Cambodge avec tous ces feux d'artifices et ces soldats morts-vivants. C'est passionnant, captivant. On est au bord d' une "hypnose droguée". La folie est constante. Sheen est transcendé par son personnage (il a d'ailleurs réellement pété les plombs sur le tournage) et ballade son regard de totale incompréhension (les trois quarts des actes du film sont complètement absurdes et inexpliqués d'un point de vue de stratégie militaire) durant toute la traversée du fleuve. Ses compagnons sur le bateau maudit sont aussi intéressants les uns que les autres (en particuliers le cuistot), et on est impressionnés jusqu'à la déficience mentale progressive du surfeur. Duvall campe un Capitaine, qui n'est chef de rien au final, absolument hallucinant d'inconscience. Brando, malgré que j'approuve pas du tout son comportement pour ce film, arrive quand même à rendre un personnage inoubliable. Faut dire que la photographie culte de Vittorio aide pas mal, sur tout le reste du film aussi d'ailleurs. Elle est paranormale, vraiment. Comme si il pouvait contrôler le soleil. Les musiques, assez spaces, rajoute du mystique dans l'ambiance générale.
Jusqu'à la fin, on est embarqués, et on ne redescend jamais à terre. Parce qu'on ne redescend jamais de l'esprit humain, exploré jusqu'au fond par Coppola. Et lorsque le film est terminé, on reste dans un état de pétrification. Une part de moi n'est jamais ressorti de cet Apocalypse.