La pré-adolescence nostalgique semble être à la mode chez les cinéastes en 2022 ! Outre "Licorice Pizza", on pense surtout à "Belfast", dont "Apollo 10 1/2" reprend peu ou prou le même principe. A savoir, un point dans le temps devenu célèbre à la fin des années 60, développé sous forme de chronique vue d'un enfant. On y retrouve même quelques scènes et références similaires !
Mais le film de Richard Linklater se démarque de sa concurrence. D'abord parce que c'est un film d'animation. Ensuite parce que la (vague) trame de fond narrative, à savoir un écolier sélectionné par la NASA pour aller sur la Lune avant Apollo 11, est un fantasme de jeunesse aussi loufoque que poétique, traduisant les aspirations d'un jeune garçon vivant à Houston en 1969.
L'animation rotoscopique, fort jolie au passage, contribue largement à cet aspect poétique, de même que le ton bienveillant et nostalgique de la narration, clamée par la voix pleine de bonhommie de Jack Black. Et la nostalgie sera réellement le maître mot ici.
Richard Linklater nous plonge avec une myriade de détails et de références, de manière presque documentaire, à la fin des 60's. Importance de la télévision, événements trop sérieux pour affecter des enfants (Vietnam, assassinats divers, mouvement sociaux), conquête spatiale et progrès scientifiques qui font rêver, sécurité prise à la légère... mais également un système scolaire implacable ! Bon comme mauvais, Linklater évoque tous ces éléments qui ont vraisemblablement forgé son enfance.
On aurait pu assister à une chronique stérile, mais ce n'est pas du tout le cas. Entre la famille et le protagoniste attachant, et l'animation qui déborde sincérité (en particulier dans les séquences qui évoquent le cinéma), "Apollo 10 1/2" est réellement une œuvre touchante, qui donnerait (presque) envie de vivre dans les 60's...