Il en est ainsi de certains films, comme d'un bijou semi-précieux scintillant et discret. Tel est selon moi, ce film de John Turturro, qui m'avait déjà laissé un souvenir flamboyant dès "Barton Fink".
C'est l'histoire de Fioravante, fleuriste, peu bavard, quelque chose de détaché dans ce monde étrange, conscient de ce qu'il est, et qui, dès les premières minutes du film, se voit proposé, par son ami libraire Murray, spécialiste de livres au moins aussi rares et anciens que lui, de devenir l'alternative du psychanalyste, par une sorte de partenariat de services qui ressemble à s'y méprendre à de la prostitution de luxe.
Mais j'ai plutôt vu Fioravante comme un passeur d'âme, traitant le problème par le juste remède, ce qu'il faut d'écoute et d'empathie pour avoir lui-même bien plus que des clientes.
Au milieu de toutes ces "tristesses" se trouve Avigal-Vanessa, veuve juive hassidique pour qui il devient urgent de rouvrir les fenêtres de son corps, de quitter sa solitude.
Ce mélange d'humour, de gravité, de profondeur, nous le connaissons bien à travers Woody Allen qui vient ici camper le révélateur, celui qui pense la transformation ailleurs que dans la seule religion ou dans la seule psychanalyse.
Petite pépite d'un cinéma doux, caressant, fait de "private movies joke", joli bouquet d'amour, d'amitié, de cet assaisonnement sucré-salé, jamais consensuel et pourtant respectueux, servi par un casting fluide.
J'ai ri, j'ai souri, j'ai même essuyé une petite larme (mais elle m'appartient).
bonne séance :)