Ce film m'a touché.
A la fois par ses qualités et sujets abordés, mais aussi ses défauts et maladresses. Ce qui est rare, puisque ces derniers sont souvent à barrer.
Pour commencer, on regrettera que l'oeuvre soit estampillé "comédie", pour moi elle aurait tout aussi pu bien s'arroger le type de "drame" par les sujets qu'elle aborde, la fin de l'histoire. Malheureusement pendant tout le film le personnage de Woody Allen, m'arrachant tout de même bien des sourires, garde ce coté rocambolesque propre à la comédie et qui efface les autres sujets.
Est ce pour mieux cacher les sujets qui y sont abordés, pour ne pas se faire critiquer de film engagé, je ne sais. Mais cet entre deux enlève la note de 10, le saint-Graal qu'aurait pu mériter le film.
Heureusement, l'approche de la prostitution comme sujet engagé est à la fois juste et renversante. Cette dernière étant généralement abordé du point de vue féminin, ici que , la prostituée est un homme, cela choque beaucoup moins, et même attire... La remise en question sur la vision que l'on a de la 'pute' ( Oui, monsieur, disons le ) se fait alors directement, notamment sur son caractère généralement féminin et donc dévalorisant dans notre société... La différence entre la vision de gloire et de vertu entre l'homme, et la femme sur le sexe dans notre société est montrée du doigt. Turturro, féministe?
De plus on appréciera le fait que ce dernier met en avant les bienfaits de la prostitution, ce qu'elle peut apporter à certaines personnes, et ce sans la glorifier.
Un métier, un simple métier comme un autre.
La musique dans le film est également marquante. Un mélange détonnant de Jazz, de blues, et peut être même de salsa... Elle est omni présente et ne s'arrête que très peu, ajoute une pointe de mélancolie tout en gardant ce coté entrainant, rapide, que prend le film. Tout comme son personnage principal, il ne s'éternisera jamais dans des scènes inutiles ,ne parlant que lorsque cela est vraiment nécessaire, comme un morceau de Jazz. Des fluctuations.
Enfin,il faudra souligner la justesse des acteurs, la délicate pointe faite au fanatisme religieux, et la maturité du film dans sa vision de la solitude, des rapports humains et même du coté comique où il se défend.