Difficile de porter un jugement définitif sur un film qui - à priori - possède assez peu de défauts. On en voudrait presque au réalisateur de ne pas introduire son film par une leçon d’histoire : Singapour est une ancienne colonie Néerlandaise rattachée à la Birmanie dont elle s’est scindée depuis 1965. Ce pays connait une ascension économique fulgurante depuis un demi siècle dans cette région du globe touchée par la pauvreté, des guerres ethniques, une instabilité constante. Depuis l’indépendance, Le Parti d'action populaire (PAP) domine la politique singapourienne. Le mode de gouvernement se rapproche plus de l'autoritarisme que d’une démocratie multipartisme. Politiquement, on peut parler de Demokratur ou de dictature light/molle, les membre du PAP s’arrangent pour conserver le pouvoir comme une dynastie de monarque.
La peine de mort y existe depuis toujours, 90 % de la population y est encore favorable.
Les droits de l’homme est une notion étrangère, occidentale, car dans la mentalité asiatique, on ne se préoccupe que des victimes, le sort d’un coupable importe peu. Le pays ayant été aussi sous occupation britannique, on ne s’étonnera pas d’entendre la moitié des dialogues en anglais, localement renommé singlish. L’anglais est enseigné dès la maternelle.
On comprend mieux pourquoi le réalisateur évite de défier les autorités par un plaidoyer anti-peine de mort comme l’a fait frontalement Kieślowski il y a 40 ans avec son film choc, TU NE TUERAS POINT, bien plus qu’un réquisitoire contre la peine capitale (le châtiment n’est qu’une vengeance), c'est une véritable réflexion sur le libre arbitre et le destin. C’est sur ce point que les deux films se rejoignent ; sans pour autant aborder la question aussi frontalement, ni avec la même violence, le réalisateur Boo Junfeng trouve une certaine justesse (qui fit sensation au dernier festival de Cannes). Son film narre l’ascension “malgré lui“ d’un jeune gardien de prison dont la curiosité malsaine pour le quartier réservé aux exécutions par pendaison et son bourreau en quête d'un disciple, se retrouve face à un casus belli, un choix moral qui clôture le film en forme de piège pour ce novice un peu trop zélé.