Un film imparfait, très voir trop maîtrisé, mais qui mérite d'être salué
De quelle façon nos actes peuvent-ils agir sur autrui ? Avec une série d’évènements du quotidien au rythme bien qualité, Après le sud tente de démontrer les causes et effets du malaise social. On pourra cependant lui reprocher des scènes à intérêt inégal. Là où certaines semblent touchées par un réalisme ou une certaine grâce, d’autres se donnent des allures plus anecdotiques, reste à déterminer si ce côté anecdotique peut être une reproche ou, au contraire, un véritable atout au scénario.
En termes de construction, nous sommes dans une structure très semblable au Elephant de Gus Van Sant, qui nous présentait chacun de ses personnages en leur faisant croiser leur route aux autres, sans pourtant égaler son malaise et son inventivité, malgré une maîtrise parfaite de la tension montante. L’autre bon point du film, c’est l’empathie que l’on ressent envers les personnages, toujours très mesurés. Après le sud oscille entre sa maladresse, avec par exemple une utilisation parfois abusive du corps nu, ou plutôt devrait-on dire « mis à nu », dont la signification finit par en perdre son intérêt, et sa justesse, que l’on doit notamment aux acteurs. C’est une corde qui se tend au fur et à mesure que ses 1h29 découlent. La durée du film ne lui laisse pas le temps de devenir ennuyeux, sa relative lenteur restant parfaitement contrôlée.
Comme son titre l’indique, l’œuvre prend place dans le sud de la France, région connue pour ses paysages, ses couleurs chatoyantes et son climat chaud. Sans trop se reposer sur son décor, le film sait l’utiliser, avec un choix judicieux des lieux de tournage, représentatifs mais très loin du cadre carte postale. C’est un sud urbanisé et industrialisé, sur lequel l’Homme et sa civilisation règnent. L’histoire se place dans un décor méditerranéen mais reste étonnamment froide, ce qui contribue à la sensation de malaise.
Après le sud est parfaitement calculé, calibré, maîtrisé, une qualité qui tend à devenir un défaut lorsque le film frôle l’exercice de style trop scolaire et la lourdeur. Il n’est pas pour autant dépourvu de justesse et s’achève dans un final aussi flamboyant que glaçant et sensibilisateur, sans être moralisateur.
NOTE: Mon 6 me paraît d'ailleurs un peu trop sévère.