Oui, c'est vrai qu'il peut paraître un peu excessif dans sa démarche jusqu'au-boutiste ce film de Gaël Morel. Reste que moi, des portraits de femmes intenses et sensibles comme celui-ci, j'en veux tous les jours. D'autant qu'elle aurait rapidement pu tourner au malsain ou au risible, cette histoire de mère en deuil trouvant le réconfort par le biais du responsable de la mort de son fils. Ce n'est jamais le cas, la performance remarquable de Catherine Deneuve traduisant brillamment les émotions très contradictoires que celle-ci peut ressentir durant tout le film, sans que le réalisateur n'en oublie pour autant les seconds rôles, d'une qualité étonnante. Bien sûr le film provoquera sans doute le malaise chez beaucoup, c'est aussi le but. Mais c'est surtout ce talent de portraitiste dont fait preuve le réalisateur qui impose en définitive le plus le respect et l'estime, le tout sans jamais trop en faire, trouvant toujours à travers les dialogues mais aussi (et surtout?) les silences le ton juste, le ton « vrai ». Bref, un film qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais personnel et troublant : c'est suffisamment rare pour être signalé.