Aprile s'inscrit dans la veine des Moretti de la première période, celle où le cinéaste se met en scène, expose ses névroses et ses obsessions avec la plus grande extraversion, en faisant un lien entre sa vie intime et la vie publique italienne.
Dans Aprile, c'est la concomitance de sa paternité et des élections régionales italiennes, où la menace berlusconienne est la cause d'une fébrilité frénétique.
Le charme de ce film, comme celui de Journal Intime ou de Bianca, c'est ce ton de comédie italienne parodié, mais qui parle à la fois de choses graves (donner la vie, donner du sens à sa vie), de la bouffonnerie de la vie politique italienne, d'un projet de comédie musicale sur un pâtissier trotskiste... Moretti sature l'écran de sa verve cabotine et névrotique, nous conduit à le suivre dans ses errements politiques et existentiels. C'est formidablement composé et mis en scène, formidablement interprété, et comme un vent de fraîcheur dans le cinéma italien.