De prime abord, on pourrait aisément construire un parallèle avec ces séries télévisées américo-latines, les télé-novelas, sur grand écran. Il n'en est rien, en dépit de l'omniprésence des pérégrinations sentimentales, de la corruption et du sexe, AQUARIUS se mue en une dénonciation politique habile.
Kleber Mendonça Filho dresse, en effet, un constat ravageur du Brésil contemporain. Bien que son sous texte politique, engagé, prenne le pas sur le drame dans cette dernière partie un peu trop poussive, AQUARIUS se frotte aux conflits sociétaux intérieurs et mondialistes, qui tourmentent une nation. Mais il ne faudrait point oublier la qualité du scénario, qui fait la part belle d'une Sonia Braga resplendissante, illuminant par sa force et sa combativité, une pellicule solaire. Malgré les terribles épreuves de la vie, traversée par cette force de la nature, AQUARIUS dépeint aussi la joie de cette sexagénaire, dans cette rayonnante manière de profiter des jouissances du quotidien. Aussi attendrissant que déchirant, le long métrage de Kleber Mendonça Filho fait chavirer les cœurs.
Malgré tout, la pire des maladies n'est pas, assurément, celle que l'on croit et peut être il existe un mal encore plus meurtrier que l'infirmité corporelle. Celui de mépriser ses congénères, au risque de leur retirer la vie, dans un aveuglement provoqué par l'inépuisable course aux profits.
Une place au palmarès Cannois, n'aurait pas été volée.