Une veuve sexagénaire bourgeoise de Recife habite toujours dans le petit immeuble vieux-genre de front de mer de ses parents, baptisé Aquarius, et entend bien y rester jusqu’à sa mort. Après avoir acheté et évacué les autres résidents un à un afin d’y bâtir un de ces méga-buildings côtier, une agence immobilière fera tout pour la persuader du contraire. Les sourires et réflexions cools, le look semi-prolo, la gentillesse compatissante, la diplomatie bon enfant mêlée au harcèlement culpabilisant sont les plus inoffensives leçons apprises dans les belles écoles pour dépouiller les vieux et enfiler les honnêtes gens. Suivent pression, intimidation, convocations et armada de petites légalités fatigantes qui, si elles échouent annonceront d’authentiques et maffieux modes opératoires.
Mais c’est sans compter sur le cœur à taille d’océan de cette immense belle femme, dont les scènes domestiques, ludiques, sexuelles, familiales ou conflictuelles nous révèlent à mesure du film une autre leçon de son passé et de son âme. Mélomane, critique musicale, poète, vainqueur d’un cancer, romantique jusqu’au dernier vinyle de sa collection, épouse amoureuse, mère épanouie sur des décennies de bonheur, chaque étape nous enseigne à savoir créer, développer et apprécier la valeur de la joie et de la vie.
Sobre et touchant portrait socio-sentimental d’un grand cœur de grande dame qui ne paye pas de mine, cette fresque franco-brésilienne est surtout un tendre et sensible apprentissage de la vie et une dénonciation de la nouvelle voyoutocratie qui au contraire ne présente des vertus que le déguisement.